Le Centre de recherche Europes-Eurasie (CREE) de l’Inalco lance un appel à communications pour un colloque international intitulé : “Populismes, medias et réseaux dans les pays de l’espace baltique : Circulation des idées et pratiques politiques” qui se déroulera en juin 2020 à l’Inalco, Paris.
Date limite : Lundi, 11 novembre, 2019
Equipe de recherche :CREE
OBJECTIFS
Dans les pays de l’espace baltique comme ailleurs en Europe, les mouvements populistes d’extrême droite ont fait ces dernières années une percée significative. Leur popularité grandissante en Estonie, en Lettonie, en Finlande, en Suède, au Danemark, en Pologne est entre autres liée à des sentiments de frustration provoqués par certains phénomènes de la mondialisation comme les inégalités. Elle se manifeste par un rejet de l’Autre/l’Étranger, par des replis identitaires et par une méfiance croissante d’une partie des populations de la région à l’égard des institutions et élites (nationales et européennes). Les réseaux sociaux ont contribué à conforter l’attraction de ces mouvements et à leur donner davantage de visibilité.
Ce colloque international a pour objectif de se pencher sur la manière dont les idées, valeurs ou pratiques politiques dites populistes circulent d’un pays à l’autre dans une région qui a comme particularité d’être un espace de coopérations, de contacts et d’échange d’influences. Il vise à stimuler et à confronter les recherches sur les coopérations régionales et les circulations transnationales des idées en s’intéressant aux aspects politiques et sociaux de la régionalisation de l’espace baltique. Il est en cela novateur : les travaux sur les circulations ont en effet jusqu’ici avant tout porté sur l’intégration économique, la coopération environnementale ou sur celle dans le domaine de la défense.
Ce colloque vise aussi à s’interroger sur la manière dont certains sujets tels que les migrations internationales, les droits des minorités (religieuses, ethniques ou sexuelles), les attitudes envers l’Europe ou la Russie sont traités par les médias et par les mouvements populistes dans les pays de cette région. Dans une approche qui se veut transversale et comparative, il questionnera les similitudes et les différences de traitement de ces thématiques qu’il s’agisse du parti populiste des Vrais Finlandais, des Démocrates de Suède, du parti ultraconservateur estonien EKRE ou du parti nationaliste et conservateur polonais Droit et Justice (PiS).
Peut-on parler de circulation des représentations, perceptions et images dans cet espace entre partis conservateurs, nationalistes et d’extrême droite ? Comment le contexte de la crise des refugiés et le terrorisme entraînent l’appropriation d’idées d’extrême-droite par des partis conservateurs ? Certaines pratiques politiques ou idées populistes développées dans un pays de la Baltique sont-elles ensuite reprises ou servent-elles de « modèle » dans d’autres pays? En outre, l’existence de certains mouvements d’extrême droite, tels que Soldats d’Odin, Mouvement de résistance Nordique ou certaines alliances entre partis populistes de la région, nous permettent-ils de parler d’une coopération transrégionale des populistes des pays de la région Baltique ? Enfin la notion même de populisme pourrait être interrogée pour définir ces processus. En effet le populisme se comprend comme la prétention d’un parti politique de représenter le peuple contre un establishment considéré comme peu soucieux des citoyens ordinaires (Kriesi, 2014). Le populisme d’extrême droite serait la combinaison d’au moins trois caractéristiques, à savoir le nativisme, l’autoritarisme et populisme (Mudde 2007). Si le terme « populisme » est fréquemment utilisé, sa polysémie semble être une barrière à la compréhension fine des phénomènes politiques en cours (Mink, 2016) Ainsi, certains chercheurs ont préféré qualifier ces régimes de « néo-conservateurs » (Zalewski, 2016) en mettant l’accent sur la capacité à recycler et redéfinir les thématiques conservatrices et anti-communistes, sur la polarisation à droite des espaces publics ainsi que sur l’aspect contre-révolutionnaire de ces régimes et de mettre en avant la circulation d’idées néo-conservatrices entre les espaces occidentaux et l’Europe centrale. D’autres auteurs ont mobilisé le qualificatif autoritaire pour expliquer un exercice du pouvoir qui bouscule les pratiques parlementaires et des modifications législatives visant à assurer des victoires électorales (Mink, 2016). D’autres, rejetant le qualificatif « populiste » entendu comme un parti qui utiliserait une rhétorique sociale pour mettre en place une politique néolibérale, emploient le qualificatif néo-autoritaire (Gdula, 2018) pour étudier des régimes qui se caractériseraient à la fois par une politique sociale, une forte centralisation du pouvoir et par des attaques contre les institutions indépendantes. Enfin, pour B.Badie, n’étant ni une idéologie, ni une doctrine ni non plus un système politique, le populisme peut être compris davantage comme une situation ou un contexte politique conduisant à certaines pratiques politiques et en renvoyant généralement à une crise de confiance entre les gouvernés et leurs institutions (Badie).
THEMATIQUES
Le colloque s’articulera, dans une approche transversale et pluridisciplinaire, autour des thématiques suivantes portant sur les pays de l’espace baltique :
1. Réseaux, mouvements et alliances populistes
Coopération transrégionale entre mouvements populistes, réseaux d’extrême droite, alliances avec d’autres réseaux populistes européens, américains…
2. Réseaux sociaux et médias
Recours à des médias alternatifs par les mouvements populistes, utilisation des tactiques de communication et choix des images diffusées. L’espace utilisé par les médias traditionnels pour parler des populistes de leurs idées/programmes Peut-on constater une évolution ?
3. Sociologie, programmes politiques et historique des mouvements populistes et d’extrême droite
Tactiques et pratiques politiques ; Discours des acteurs ; Origine et évolution des mouvements populistes ; Idées et idéologie; Positionnement sur l’échiquier politique.
4. Attitudes et politiques des partis populistes à l’égard du monde extérieur
Perceptions et représentation de la Russie ; liens noués avec la Russie ; Perception et attitude envers les crises (géorgienne de 2008, ukrainienne 2013-2014) dans l’Est de l’Europe ; Perceptions et attitudes vis-à-vis des puissances extra-européennes (Chine et les Nouvelles Routes de la Soie, Etats-Unis de Trump, Brésil de Bolsonaro…)
5. Politiques européennes
Regards envers les politiques européennes ; Discours, usages et pratiques de l’Union européenne ; évolution des groupes/partis populistes et souverainistes au sein du Parlement européen ; discours et usages du Brexit dans les arènes communautaire et nationale.
CONCLUSION :
Ce colloque a pour objectif, à travers le cas des mouvements populistes, d’analyser la circulation transrégionale d’idées et de pratiques politiques comme éléments permettant de repenser la régionalisation de l’espace baltique.
Cette recherche, par définition transversale, conduira à croiser des approches des spécialistes des différents pays d’Espace baltique en sciences politiques, communication et média, sociologie, histoire et géographie pour travailler sur les aspects politiques et sociaux de la circulation, diffusion et partage des idées populistes. L’idée est en outre d’analyser la coopération transnationale entre différents réseaux et mouvements populistes des pays de cette région entre eux.
Langue de travail : français et anglais
MODALITES :
Les propositions de communication seront faites en français ou en anglais, elles ne doivent pas dépasser 300 mots et doivent être accompagnées d’un CV de l’intervenant comprenant une petite liste des principales publications (une page).
CALENDRIER :
- Date limite d’envoi des propositions de communication : 11 novembre 2019
- Sélection des propositions : 31 janvier 2020
- Date limite d’envoi des communications : 29 mai 2020
- Date et lieu du colloque : 12 juin 2020
Les propositions doivent être envoyées à : Katerina.kesa@inalco.fr et amelie.zima@sciencespo.fr
Une publication est envisagée à la suite du colloque sous forme d’ouvrage collectif ou d’un numéro de revue.
COMITE SCIENTIFIQUE :
Yohann AUCANTE (Ehess – CESPRA) ; Andres KASEKAMP (University of Toronto) ; Katerina KESA (Inalco-CREE); Eric LE BOURHIS (Inalco-CREE); Jacques RUPNIK (CERI-Sciences po); Anne DE TINGUY (Inalco et CERI-Sciences po); Amélie ZIMA (CERCEC)