Informations pratiques
Pour le numéro 41 de la revue Nordiques à paraître, un appel à contribution à été lancé sur le thème “le bonheur nordique”. Les propositions d’article sont à adresser à yohann.aucante[a]ehess.fr avant le 15 mars 2021.
A l’occasion de cet appel, signalons également que la revue est désormais présente sur la plateforme OpenEditions Journals, et que les numéros 36 à 39 y sont librement consultables.
Précisions sur l’appel
Au milieu des années 1930, le journaliste et fondateur de l’Observateur Emile Schreiber publiait un ouvrage de voyage et d’enquête sociale intitulé « Heureux scandinaves ». Il y décrivait les avancées économiques, technologiques ou sociopolitiques des peuples nordiques avec beaucoup d’enthousiasme et d’admiration tout en insinuant que ces gens-là avaient bel et bien trouvé une recette du bonheur.
Sans entrer dans une discussion philosophique ou psychologique sur le contenu de ce dernier, ce dossier thématique de la revue entend étudier les manières dont cette idée de bonheur a été de plus en plus associée aux sociétés, aux cultures nordiques et aux individus qui les composent, dans des déclinaisons très diversifiées mais assez constantes. Ce phénomène semble culminer de nos jours avec l’industrie d’une mesure internationale du bonheur qui, de baromètre en enquêtes d’opinion, avance que les ressortissants de plusieurs de ces pays trustent régulièrement les premières places des classements. Dans le sillage de cette réputation grandissante, s’est mis en place un véritable « business » du bonheur nordique, ou peut-être plus précisément du bien-être, pour prendre une notion proche mais pas tout à fait équivalente. Cela ne va pourtant pas de soi, dans la mesure où d’autres représentations bien plus sceptiques à ce sujet se sont aussi développées, que l’on pense à la présence manifeste d’une forme de désespoir en littérature dont le suédois Stig Dagerman serait certainement un bon représentant, au pessimisme profond et à la noirceur d’un certain cinéma nordique, que l’on pourrait étendre à d’autres formes d’art. Qui n’a pas non plus entendu parler de taux de suicide ou de violences conjugales élevés qui viendraient contrebalancer cette impression diffuse de bonheur, bien que les taux en question soient aujourd’hui parfois plus mesurés qu’en France ?
Ce dossier encourage les contributions venues de disciplines et domaines différents pour tenter de mieux cerner cette vision prégnante et néanmoins ambivalente de bonheur nordique au travers de différentes manifestations, mesures, enquêtes, tout en essayant de comprendre les évolutions temporelles de ce phénomène et de ses perceptions localement, depuis l’étranger, ou dans l’interaction.