Catégorie : Appels à communications

Colloque international “Feu (sur) le canon”, Sorbonne Université, Paris, France. 19-21 juin 2025

Colloque international “Feu (sur) le canon”, Sorbonne Université, Paris, France. 19-21 juin 2025

Le concept de canon littéraire est profondément paradoxal. Si l’existence du canon ou de canons n’est généralement pas remise en cause, la définition même de la notion est fluctuante et ses contours, c’est-à-dire ce que l’on considère comme relevant du canon, ne font pas, loin s’en faut, objet de consensus. Désignant un ensemble de textes au statut presque sacré et aux qualités littéraires aussi incontestables qu’inégalées, le canon représente aussi les œuvres perçues comme pionnières dans l’établissement et la mise en œuvre d’une esthétique donnée. Ayant fonction de modèles et de cadres normatifs, elles appellent une postérité soucieuse d’en respecter les codes. Sont également considérées « canoniques » les œuvres qui constituent les fondations mêmes d’une culture littéraire noble et dont la lecture est incontournable. Connaître ces textes et en reconnaître les vertus sont dès lors des marques d’appartenance culturelle – et, plus largement, sociale. 

Aussi commodes ces définitions soient-elles, en occultant le rôle du temps et de l’espace, elles postulent toutefois de façon trompeuse la stabilité du canon. Celui-ci, en d’autres termes, se structure autour des principes en réalité toujours inatteignables de l’identité à soi et de l’immuabilité. Toutefois, ce qu’est le canon littéraire et quelles œuvres et auteur(e)s il recouvre est indissociable de la chronologie et du lieu. Comme le font observer Didier Alexandre et Michael Bernsen : « Le canon des érudits du XVIème siècle diffère de celui du XXème siècle, sans que l’on puisse réduire ces différences à la seule référence au monde culturel gréco-latin » (Alexandre et Bernsen 2017, 7). 

À rebours de ce qu’avance Harold Bloom, héraut de la canonicité masculine et occidentale, l’on peut affirmer que la liste ouverte et souvent remaniée des œuvres et auteurs canoniques varie d’un moment et d’un lieu à l’autre du monde et pas seulement du monde occidental. S’il existe bel et bien un canon, produit quelque peu flou ou (plus positivement) dynamique de la littérature, il ne peut être conçu indépendamment des forces qui lui confèrent (pour un temps) forme et autorité, c’est-à-dire de ce que l’on peut appeler métaphoriquement « la fabrique du canon ». Pour l’historienne de l’art Griselda Pollock, la canonicité repose principalement sur deux arguments spécieux (Pollock 1999, 3-21; 2007, 45-69). Le premier est que la qualité des œuvres élevées au canon serait révélée spontanément, évidente et qu’elle serait, dès lors, universelle. Le second est que l’inclusion d’un auteur dans le cercle prestigieux des écrivains canoniques résulterait purement d’un accomplissement individuel exceptionnel. Ces principes cachent habilement que ce sont, de fait, des acteurs tiers qui, en toute subjectivité et pour des motifs idéologiques, catapultent œuvres et auteurs au rang de modèles. Pollock ajoute ainsi que les faiseurs de canon et les auteurs qu’ils ont promus sont très majoritairement des hommes blancs et hétérosexuels et que le canon constitué sert à la fois de symbole et de rempart de leur pouvoir.

Qui ou qu’est-ce qui est à l’œuvre dans la création du canon littéraire, en d’autres termes, quels sont les rouages qui font tourner la fabrique du canon ? Dans le sillage de ses six journées d’étude (2023-2025), le colloque final du projet Canon Factory cherchera, dans un premier questionnement, à approfondir l’analyse des institutions et des personnes impliquées dans la formation du canon dans les quatre aires linguistiques et culturelles choisies comme champs exploratoires : les littératures anglophones, germanophones, néerlandophones et nordiques. 

Avec l’arrivée des études féministes, postcoloniales, queer et sur le genre, le canon et ceux qui le font ont été au cœur de ce que Pollock appelle des « guerres culturelles ». La critique de leur hégémonie, menée par des groupes marginalisés et désireux d’être reconnus, ce que David Fishelov (Fishelov 2010, 30-43) appelle l’opposition entre le « camp du beau » et le « camp du pouvoir » (« the beauty  party» et « the power  party»), s’est accompagnée du désir de voir légitimé(e)s des auteur(e)s et des productions jusqu’alors exclu(e)s de la littérature. De nouvelles formes et esthétiques sont apparues dans le champ du littéraire et, à la faveur d’un mouvement anti-élitaire contestant le modèle humaniste libéral d’éducation par le livre canonique (Löffler, 2017, 7), leur valeur a été plus largement reconnue, au-delà même des cercles autorisés de la critique. Ce mouvement a sans doute aussi permis l’émergence d’un canon réel recouvrant les œuvres lues véritablement, distinctes de celles du canon idéel. Ce canon de fait serait ainsi voué à être, selon Christine Meyer, « le produit transitoire d’un processus en cours qui cherche à développer et rénover la liste des œuvres de référence (‘Kanonbildung’) » (« the transitory fruit of an ongoing process of development and renovation of the works of reference (‘Kanonbildung’) », Meyer 2023, 29).

Qu’elle soit idéologique, esthétique, ou les deux, la critique du canon et la reconnaissance progressive de voix et de textes jusqu’alors marginalisés voire ostracisés constitueront le second axe de recherche du colloque. Ce dernier permettra de mettre l’accent sur des évolutions relativement récentes et abordera plus spécifiquement les littératures post- et décoloniales, LGBTQAI+, performées (des expérimentations théâtrales radicales jusqu’au spoken word et au slam poétique) de même que la bande dessinée et les romans graphiques. Qu’advient-il lorsque la fabrique du canon a été remise en question ?

Dans un récent article paru sous le titre « Do We Need To Dismantle the Literary Canon? » dans le Guardian, l’enseignant, journaliste et essayiste Jeffrey Boakye affirme qu’en ce qui concerne les programmes scolaires de littérature, il serait tentant de faire table rase du canon patriarcal et blanc et d’ « opérer un retour de balancier qui, s’éloignant de tous ces hommes blancs, vieux et valides, les remplace par quelques chose de différent, ‘d’autre’, par des auteur(e)s marginalisé(e)s en raison de leur genre, leur ethnicité, leur classe, leur orientation sexuelle et la façon dont on les racise » (« make the pendulum swing away from all those stale, pale, able-bodied males and replace them with something different, something ‘other’, authors who have been marginalised by race, gender, ethnicity, class and sexuality ».) Moins radical, le mode opératoire qu’il propose invite à ménager une place importante à la subjectivité et à l’expérience vécue des enseignant(e)s pour choisir les œuvres proposées à leurs élèves. Cette démarche libératoire décloisonne le canon pour y inclure des textes de tous horizons, attendu que le programme doit être « tout ce que nous voulons qu’il soit » (« anything we want it to be »). Il s’agit selon lui de dénicher, collecter et faire dialoguer entre eux de manière inattendue des textes choisis personnellement pour faire émerger « quelque chose de nouveau » (« something new ») (The Guardian, 12 juin 2023). 

Mais qu’est-ce précisément que cette « chose nouvelle » ? Suppose-t-elle ou non une opposition frontale au canon des œuvres consacrées et à la culture dite légitime ? Il s’agit là de la troisième aire que le colloque cherchera à circonscrire en s’intéressant à la création de canons nouveaux et alternatifs et en posant une question connexe : est-il ou non possible de penser le littéraire sans canon ? Quelles sont les stratégies auxquelles recourent les auteur(e)s qui refusent d’être associé(e)s à un nouveau mouvement de canonisation, notamment parce que, comme le rappelle Henry Louis Gates Jr. en le désacralisant, le canon est aussi « le livre de lieux communs de notre culture partagée » (« the commonplace book of our shared culture », Gates 1992, 21) ? S’ils se maintiennent dans une position marginale, n’en viennent-ils pas cependant et paradoxalement à affirmer leur auto-canonisation ?

Nous accueillerons des communications de 30 minutes en anglais ou en français consacrées à l’une ou l’autre des aires linguistiques et culturelles du projet ou, dans une perspective comparatiste, à plusieurs simultanément. Sans s’y limiter nécessairement, les travaux pourront porter sur :

  •  le / les processus de canonisation : analyses diachroniques du canon et de ses fluctuations ; l’influence des prix et récompenses littéraires, des maisons d’édition, des programmes scolaires et universitaires, des anthologies, des académies et canons nationaux ; la canonicité et les média / les réseaux sociaux
  • la remise en cause du canon : « guerres culturelles » et guerres du canon, origines, formes, étendue ; « l’Empire vous répond », littérature postcoloniale, pratique décoloniale, littérature de la (post)migration ; visibilité accrue d’auteur(e)s et formes tenu(e)s jusqu’alors pour non canoniques : écriture expérimentale, littérature performée, œuvres LGBTQAI+, œuvres inter- ou multimédiales (bande dessinée, roman graphique), textes recourant aux sociolectes / dialectes 
  • nouveaux canons : nouvelles formes et leur institutionnalisation, leur marchandisation, le succès populaire et la critique ; redéfinition du champ du littéraire ; négation radicale du canon ou définition de nouveaux paradigmes de canonicité ; stratégies de résistance à la canonicité ; revendication de marginalité.

Bibliographie indicative :

Ahmed, Sara. On Being Included: Racism and Diversity in Institutional Life. Durham: Duke University Press, 2012.

Algee-Hewitt, Mark et Mark McGurl. “Between Canon and Corpus: Six Perspectives on 20th-Century Novels.” Pamphlets of the Stanford Literary Lab, 2015. https://litlab.stanford.edu/LiteraryLabPamphlet8.pdf. Consulté le 20 septembre 2024.

Assmann, Aleida. „Kanonforschung als Provokation der Literaturwissenschaft.“ In Von Heydebrand, Renate, ed. Kanon Macht Kultur, Theoretische, historische und soziale Aspekte ästhetischer Kanonbildungen. DFG-Symposion 1996. Heidelberg: Metzler, 1998. 47-59.

Bezzola Lambert, Ladina et Andrea Ochsner. Moment to Monument: The Making and Unmaking of Cultural Significance. Bielefeld: Transcript; New Brunswick, NJ: Transaction Publishers, 2009.

Bloom, Harold. The Western Canon: The Books and Schools of the Ages. New York: Harcourt & Brace, 1994. 

Boakye, Jeffrey. “Do We Need To Dismantle the Literary Canon?” The Guardian, June 12, 2023. 

Bourguignon Annie, Konrad Harrer and Franz Hintereder-Emde, eds. Zwischen Kanon und Unterhaltung: interkulturelle und intermediale Aspekte von hoher und niederer Literatur / Between Canon and Entertainment : Intercultural and Intermedial Aspects of Highbrow and Lowbrow Literature. Berlin: Frank & Timme, 2016.

Brodersen, Randi Benedikte, ed. Kanonisk selskabsleg i nordisk litteratur. Copenhague: Nordisk Ministerråd, 2013. 

Canon et mémoire culturelle. Œuvres canoniques et postéritéÉtudes Germaniques 62.3 (2007). 

Didier, Alexandre et Michael Bernsen, eds. Un canon littéraire européen? : Actes du colloque international de Bonn des 26, 27 et 28 Mars 2014 ; A European Literary Canon? Acts of the Bonn International Colloquium of 26, 27 and 28 March 2014. Janvier 2017. https://www.europaeische-kulturen.uni-bonn.de/medien-europaeische-kulturen/1_alexandre-bernsen-introduction.pdf. Consulté le 20 septembre 2024. 

Fishelov, David. Dialogues with/and-Great Books: The Dynamics of Canon Formation. Brighton: Sussex Academic Press, 2010.

Gates, Henry Louis Jr. “The Master’s Pieces: On Canon Formation and the African American Tradition.” In Loose Canons: Notes on the Culture Wars. Oxford: Oxford University Press, 1992. 17-42.

Gauthier, Vicky, Camille Islert et Martine Reid. “‘Faire éclater le canon, arriver à un discours commun sur la littérature.’” GLAD! Revue sur le langage, le genre, les sexualités 12 (juillet 2022). DOI : https://doi.org/10.4000/glad.4585. Consulté le 20 septembre 2024.

Goldstein, Claudia: “Comics and the Canon: Graphic Novels, Visual Narrative, and Art History.” In Teaching the Graphic Novel. Ed. Stephen E. Tabachnick. New York: Modern Language Association of America, 2009. 254‑261.

Heede, Dag, Anne Heith et Ann-Sofie Lönngren, eds. Rethinking National Literatures and the Literary Canon in Scandinavia. Cambridge: Cambridge Scholars Publishing, 2015. 

Huggan, Graham. The Postcolonial Exotic: Marketing the Margins. London and New York: Routledge, 2001.

Jagne-Soreau, Maïmouna. “I don’t write about me, I write about you.” Postmigration Studies 4 (2021): 161-179.

Kiguru, Doseline. “Literary Prizes, Writers’ Organisations and Canon Formation in Africa.” African Studies 75.2 (August 2016): 202-214. DOI :https://doi-org.janus.bis-sorbonne.fr/10.1080/00020184.2016.1182317. Consulté le 20 septembre 2024.

Körber, Lill-Ann et Ebbe Volquardsen, eds. The Postcolonial North Atlantic: Iceland, Greenland and the Faroe Islands. Berlin: Nordeuropa-Institut der Humboldt-Universität, 2014.

Langgård, Karen. From Oral Tradition to Rap: Literatures of the Polar North. Ilisimaturarfik: Forlaget Atuagkat, 2011. 

Larsen, Peter Stein. “Nordisme, kanonisering og kvalitetskriterier: Tre vinkler på Nordisk Råds Litteraturpris.”Reception 78 (2019): 29-39.

Löffler, Philipp. “Introduction: The Practices of Reading and the Need for Literary Value.” In Reading the Canon: Literary History in the 21st Century. Ed. Philipp Löffler. Heidelberg: Universitätsverlag Winter, 2017. 1-20.

Loman, Andrew. “‘That Mouse’s Shadow’: The Canonization of Spiegelman’s Maus.” In The Rise of the American Comics Artist: Creators and Context. Ed. Paul Williams and James Lyons. Jackson: University Press of Mississippi, 2010. 210-234.

Malkani, Fabrice, Anne-Marie Saint-Gille et Ralf Zschachlitz, eds. Canon et identité culturelle. Élites, masses, manipulation. Saint-Étienne : Publications de l’université de Saint-Étienne, 2010.

Malkani, Fabrice et Ralf Zschachlitz, eds. Pour une réelle culture européenne ? Au-delà des canons culturels et littéraires nationaux. Paris : L’Harmattan (« coll. De l’Allemand »), 2012.

Meyer, Christine. Questioning the Canon: Counter-Discourse and the Minority Perspective in Contemporary German Literature. 2021. Berlin and Boston: De Gruyter, 2023.

Olusegun-Joseph, Yomi. “Canons and Margins: Contemporary Nigerian Writing, Father-Surveillance Criticism and Kindred Economies of Othering.” African Studies Quarterly 20.2 (2021): 62-79. https://asq.africa.ufl.edu/wp-content/uploads/sites/168/V20i2a4.pdf. Consulté le 20 septembre 2024.

Mukherjee, Ankhi. What Is a Classic? Postcolonial Rewriting and Invention of the Canon. Stanford: Stanford University Press, 2014.  

Pollock, Griselda. “Des canons et des guerres culturelles.” Trad. Séverine Sofio et Perin Emel Yavuz. Les cahiers du genre 43.2 (2017): 45-69.

Pollock, Griselda. Differencing the Canon: Feminist Desire and the Writing of Art’s Histories.London and New York: Routledge, 1999. 3-21.

Ponzanesi, Sandra. The Postcolonial Cultural Industry: Icons, Markets, Mythologies. Houndmills: Palgrave Macmillan, 2014.

Ripple, Gabriele et Simone Winko, eds. Handbuch Kanon und Wertung. Theorien, Instanzen, Geschichte. Heidelberg: Metzler, 2013.

Thomsen, Mads Rosendahl. Mapping World Literature: International Canonization and Transnational Literatures. Bloomsbury Publishing, 2008.

Van Alphen, Ernst and Maaike Meijer, eds. De canon onder vuur. Nederlandse literatuur tegendraads gelezen. Amsterdam: Van Gennep, 1991.

Van Deinsen, Lieke, Anthe Sevenants et Freek Van de Velde. De Nederlandstalige literaire canon(s) anno 2022. Een enquête naar de literaire klassiekenRapportage. Gent: Koninklijke Academie voor Nederlandse Taal en Letteren, 2022.  https://ctb.kantl.be/assets/files/pages/files/De_Nederlandstalige_literaire_canon(s)_anno_2022_-_Een_enquête_naar_de_literaire_klassieken_Rapport_(voorpublicatie).pdf. Consulté le 20 septembre 2024.

Von Heydebrand, Renate, ed. Kanon Macht Kultur. Theoretische, historische und soziale Aspekte ästhetischer Kanonbildungen. DFG-Symposion 1996. Heidelberg: Metzler, 1998.

Vrouwen en de canon. Nederlandse Letterkunde 2.3 (1997).  https://www.dbnl.org/tekst/_ned021199701_01/_ned021199701_01_0020.php. Consulté le 20 septembre 2024.

Weinmann, Frédéric et Ralf Zschachlitz, eds. Canon et traduction dans l’espace franco-allemandCahiers d’Études Germaniques 59 (2011).

Calendrier de soumission :

  • Merci d’adresser d’ici au 16 décembre 2024 une proposition de communication en 400 mots maximum en français ou en anglais (Times New Roman 12 ; espace simple ; entièrement justifiée) ainsi qu’un titre provisoire, le nom complet de l’auteur.e, son affiliation institutionnelle et une courte notice bio-bibliographique à l’adresse canon_factory@sorbonne-universite.fr
  • Confirmation des propositions retenues après avis du comité scientifique : 24 janvier 2025.
  • Par ailleurs, les communiquant.e.s seront invité.e.s à soumettre leurs textes en anglais (qu’ils aient ou non été présentés dans cette langue au colloque) en vue d’une évaluation en double aveugle et publication. La date limite pour l’envoi des articles est fixée au 1er septembre 2025.

Conférencier.e.s invité.e.s :

  • Pr. Ulrike Draesner, Universität Leipzig ;
  • Pr. Michelle Keown, University of Edinburgh ;
  • Pr. Thomas Mohnike, Université de Strasbourg.

Artiste invitée :

Parisa Akbarzadehpoladi (arts visuels ; NL).

Comité d’organisation :

  • Dr Kim Andringa (études néerlandophones ; REIGENN) ;
  • Dr Sylvie Arlaud (études germaniques ; REIGENN) ;
  • Dr Alessandra Ballotti (études nordiques ; REIGENN) ;
  • Pr Bernard Banoun (études germaniques ; REIGENN) ;
  • Dr Jaine Chemmachery (études anglophones ; VALE) ;
  • Dr Éric Chevrel (études germaniques ; REIGENN) ;
  • Dr Guillaume Fourcade (études anglophones ; VALE) ;
  • Arina Giliazova (chargée de médiation scientifique) ;
  • Dr Jean-François Laplénie (études germaniques ; REIGENN) ;
  • Dr Benjamine Toussaint (études anglophones ; VALE).

Comité scientifique :

  • Pr Jacqueline Bel (études néerlandophones ; Vrije Universiteit, Amsterdam) ;
  • Dr Cédric Courtois (études anglophones ; CECILLE, Lille) ;
  • Dr Bastien Goursaud (études anglophones ; CERCLL, Amiens) ;
  • Dr HDR Christine Meyer (études germaniques ; CERCLL, Amiens) ;
  • Pr Dan Ringgaard (études nordiques, Aarhus).
AAC : Écritures du travail : pour une approche comparatiste (1875 – 1975) 

AAC : Écritures du travail : pour une approche comparatiste (1875 – 1975) 

Le travail fait partie intégrante de l’humanité : les traces archéologiques les plus lointaines témoignent de l’activité laborieuse. Depuis la rationalisation du travail, accentuée au XIXème siècle par l’industrialisation, de nombreuses sociétés humaines sont majoritairement composées d’une classe laborieuse, paysanne, ouvrière et employée, faisant du travail un sensible partagé, un dénominateur permettant une expérience commune par-delà les frontières nationales et allant jusqu’à définir l’identité d’un individu. Pourtant, un silence étrange enveloppe le sujet du travail en littérature, sujet qui, selon l’expression de M. Denning, « résiste[rait] à la représentation[1] ». Mais n’est-ce pas plutôt le champ littéraire qui résiste au travail que le travail qui résiste à la littérature ? Car, pour un sujet qui « résiste à la représentation », cette dernière a pourtant été éclectique, foisonnante et diverse.

On ne peut alors que se réjouir de ce qu’il convient d’appeler une dynamique de la recherche en sciences humaines ces dernières années sur le sujet du travail comme en témoignent les colloques « Représentations du travail. Littérature, histoire, sciences sociales, histoire de l’art, cinéma » (UNIL, 2021) et les Rendez-vous de l’Histoire (« Le Travail », Blois, 2021) ainsi que « Les Fables du tri. Travail, entreprise et conflits éthiques dans la littérature et le cinéma des XXe et XXIe siècles » (Strasbourg, 2022). Enfin, notons les événements à venir, qu’il s’agisse de « Enjeux écologiques des littératures du travail françaises et francophones » (Sorbonne Nouvelle, 2024) ou de « Faut-il imaginer Sisyphe heureux ? » (Strasbourg, 2024) Nous aimerions nous inscrire dans le sillage de ces projets, mais surtout dans celui de l’OBERT (Observatoire Européen des Récits du Travail) et de ses colloques « Narrating Labour : Posture and Positionality » (OBERT, 2023) et « Women and Work: Reframing a Narrative Relationship » (OBERT, 2024) et proposer des journées de réflexion sur les littératures du travail dans une perspective comparatiste, internationale et transdisciplinaire, comme proposaient de le faire John Lennon et Magnus Nilsson dans Working-Class Literature(s)[2]

Considérant en effet qu’« [a]ucun événement, aucune littérature d’aucune sorte ne peut se comprendre de façon satisfaisante sans une mise en relation avec d’autres événements, avec d’autres littératures[3] », il nous semble important de nous pencher sur le thème du travail par la méthode comparatiste : ces littératures s’inscrivent en effet aux croisements de champs littéraires nationaux et internationaux. De plus, cette perspective comparatiste est nécessaire du fait même de l’organisation de ces littératures du travail[4] : souvent militantes et marginales, elles s’organisent autour de revues, de partis politiques et, souvent à partir de 1917, en lien avec l’URSS et le Proletkult. Des maisons d’édition comme GIHL ou Arbeiderspers ou des revues comme International Literature (diffusée et traduite en quatre langues simultanément) créent des réseaux de diffusion et de traduction pendant une majeure partie du XXème siècle. Cette circulation a également eu comme conséquence de créer, des États-Unis au Japon, de la Russie au Pérou, de la Suède à l’Inde, des traits génériques et poétiques communs : une certaine fluidité générique, oscillant entre fiction et non-fiction, l’importance de la posture d’authenticité de l’auteur ou de l’autrice, des topoï, des structures, des images revenant d’un pays à l’autre pendant plus d’un siècle etc. Enfin, nous souhaiterions inscrire cette démarche comparatiste dans le cadre de réflexion d’un vingtième siècle décentré, depuis les écrits fondateurs d’Émile Zola pour atteindre la fin des Trente Glorieuses. Cet empan chronologique nous semble en effet particulièrement pertinent pour étudier les spécificités du travail en littérature en permettant de saisir le contexte politique et idéologique d’une définition de la classe travailleuse et des conditions d’exercices du travail nées de l’industrialisation et d’une rationalisation croissante.

Nous souhaitons décentrer notre vision des liens entre littérature et travail en transcendant les frontières nationales et la francophonie[5], en nous demandant, par exemple, ce qui rapproche les récits miniers du Français Zola (Germinal), du Chilien Lillo (Subterra) ou de l’Indien Dutt (Coir) ? En quoi Bonneff avec Aubervilliers ou Sinclair avec The Jungle proposent-ils une esthétique commune de récits sur l’abattoir et les liens entre la déshumanisation des travailleurs et la maltraitance animale ? Peut-on dégager une poétique des autrices militantes ouvrières chez Smedley (Daughter of Earth) aux États-Unis, Lopez (Journal d’une OS) en France, Carnès (Tea Rooms. Mujeres obreras) en Espagne, Moa Martinson en Suède (Kvinnor och äppelträd) ou Pagu (Parque industrial) au Brésil ? Ces récits créent de nouveaux topoï comme la grève, la manifestation, le personnage du syndicaliste : comment esthétisent-ils (ou pas) la politique (comme chez Tokunaga, Taiyō no nai machi, Etcherelli, Élise ou la vraie vie, Isabel De Toleda, La huelga ou Richard Llewellyn, How Green was my Valley?) ? Les récits maritimes du travail, loin de l’exotisme d’un Moby Dick ou de Robinson Crusoé, du Norvégien Hamsun, du Britannique Hanley, du Japonais Kobayashi, de l’apatride Malaquais ou des Français Dabit et Peisson nous présentent-ils un style du vagabondage similaire ? Et peut-on rapprocher des récits du travail de la terre comme The Grapes of Wrath de Steinbeck, les Travaux de Navel ou les nouvelles d’Ivar Lo-Johansson dans ses recueils Statarna I et II ?

Les intervenantes et intervenants pourront travailler, sans s’y limiter, sur les thèmes suivants, dans une optique comparatiste :

  • Histoire littéraire du travail : les tensions entre histoire littéraire nationale et littérature internationale / littérature mondiale ; histoire et contextualisation de la création des canons littéraires ;
  • Théorisations des littératures du travail : littérature prolétarienne, littérature populiste, littérature ouvrière, littérature révolutionnaire, réalisme socialiste, naturalisme, néo-réalisme, faction, factographie, prose documentaire, littérature non‑fictionnelle… ;
  • Champs littéraires et réseaux : communautés d’écrivains (RAPP, collectifs d’écrivains ouvriers), revues (Senki, La Gaceta literaria, Amauta, L’Humanité, New Masses, Masses, The Anvil, International Literature, Musée du soir…), sociabilités littéraires, réseaux de traduction et de diffusion, relation de mentorat (comme Upton Sinclair avec Mike Gold, Jack Conroy ou Agnes Smedley, Roger Martin du Gard avec Eugène Dabit, André Gide avec Jean Malaquais, Roman Rolland avec Panaït Istrati), stratégies éditoriales (Éditions Sociales Internationales, Cenit, Plein Chant, Nada…) ; 
  • Légitimité et illégitimité littéraire : place et discours sur les littératures du travail dans le champ littéraire ; 
  • Authenticité, expérience et la position ambiguë du témoin : les tensions entre fiction et posture d’authenticité ; la littérature du travail est-elle un « document humain[6] » ? La valeur des récits n’est-elle qu’historique ou sociologique ?
  • Plasticité générique des littératures du travail : jeu entre fiction, non-fiction, autobiographie… ; 
  • Poétique du travail : étude des réseaux imagologiques, de la récurrence de certains topoï, de certains personnages ;
  • Transdisciplinarité et intermédialité : comment articuler littérature, sociologie, sciences des techniques, histoire et économie ? ; comment s’adaptent les récits du travail au cinéma, en bande-dessinée ou sous toute autre forme artistique ? 
  • Intersectionnalité : Class studies, gender studies, subaltern studies[7], études décoloniales, études écocritiques… Le travail se situe à l’intersection de nombreuses interrogations contemporaines, dont la littérature s’était emparée parfois bien avant leurs théorisations sociologiques.

Propositions :

Les propositions de communication (3000 signes maximum) seront accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique. Elles devront être envoyées à ecrituresdutravail@gmail.com avant le 31 janvier 2025.

Organisation :

Le colloque se déroulera à l’Université Paris Nanterre les 02 et 03 octobre 2025. Les frais d’hébergement et de transport seront à la charge des participants et des participantes. Les déjeuners et le dîner seront offerts par l’organisation du colloque. 

Organisatrices : 

Louise Bernard (Doctorante en littérature comparée, Paris Nanterre) : l.bernard@parisnanterre.fr

Victoria Pleuchot (Docteure en littérature comparée, Artois) : victoria.pleuchot@gmail.com


[1] Michael Denning, The Cultural Front. Cité par Laura Hapke, Labor’s Text. The Worker in American Fiction, New Brunswick, Rutgers University Press, 2001, p. 14 : “Work itself resists representation”.

[2] John Lennon et Magnus Nilsson, Working-Class Literature(s): Historical and International Perspectives, Stockholm, Stockholm University Press, 2017.

[3] Matthew Arnold, « On the modern element in literature » (1857), dans Selected Prose, éd. Peter J. Keating, Londres, Penguin, 1987, p. 59 : “No single event, no single literature is adequately comprehended except in its relation to other events, to other literatures.” Cité par Marx William, Vivre dans la bibliothèque du monde, Paris, Collège de France, 2020.

[4] Victoria Pleuchot, Littérature romanesque et travail précaire 1918-1939, sous la direction d’Anne-Gaëlle Weber, Université d’Artois, 2023.

[5] Comme les organisatrices de ce colloque s’efforcent déjà de le faire dans leur cahier Hypothèse Littératures du travail : Perspectives comparatistes, https://littetravail.hypotheses.org/.

[6] William Stott, Documentary Expression and Thirties America, Chicago, The University of Chicago Press, 1986, p. 6 : « Human document. »

[7] Chakravorty Spivak Gayatri, « Can the Subaltern Speak ? » in Marxism and the Interpretation of Culture, eds. Cary Nelson and Lawrence Grossberg, Basingstoke, Macmillan, 1988, p. 271–313.

AAP / CFP : « Retourner le monde contre lui-même » : perspectives critiques sur les poésies nordiques aux XXe et XXIe siècles

AAP / CFP : « Retourner le monde contre lui-même » : perspectives critiques sur les poésies nordiques aux XXe et XXIe siècles

Symposium à l’université de Caen du 6 au 7 mars 2025

accompagné d’une manifestation littéraire consacrée à la poésie nordique contemporaine

La vitalité de la poésie nordique n’est plus à démontrer. Certaines figures majeures, comme Inger Christensen et Tomas Tranströmer, traduites dans le monde entier, comptent parmi les dernières icônes du genre. D’autres comme Sjón, Jón Kalman Stefánsson et le prix Nobel 2023 Jon Fosse, doivent leur renommé à un autre genre, alors qu’ils sont aussi, voire avant tout, poètes, la connaissance de ce pan de leur production profitant progressivement du succès de leurs paroles de chansons, romans et pièces de théâtre. La traduction et la réception de pratiques poétiques plus confidentielles ou expérimentales, souvent liées à des réseaux relationnels, confirme par un autre biais l’impact des poètes du Nord. Des poètes comme Ann Jäderlund, Cia Rinne, Jørn H. Sværen et Pia Tafdrup jouissent ainsi d’une réputation internationale au sein d’une communauté spécialisée de lecteurs et d’auteurs. Il semble cependant que l’inscription de leur écriture au sein d’une historicité nordique ne soit articulée que sur le mode vague d’une provenance géographique, et que la critique peine à voir une plus grande constellation de pratiques, projets, références, traditions ou réseaux partagés derrière ces quelques noms.

C’est dans cette tension que nous voudrions situer les enjeux de ce colloque, en considérant les poésies nordiques en tant que champs travaillés par des dynamiques collectives, pour essayer d’en définir les spécificités éventuelles, tout en s’attachant à certaines œuvres singulières, dont on cherchera à interroger l’historicité, de façon à voir ce qu’elles apportent, au sein de leur champ respectif – mais aussi dans un contexte de lecture plus vaste, lié à des modalités de circulation et de réception spécifique à une échelle européenne voire globale, dont l’articulation avec le domaine nordique reste à analyser.

Pour cela, nous proposons une réflexion autour de cinq axes, entre lesquels existent de possibles intersections :

  • La tradition moderniste nordique

Au cours du XXe siècle, les pays nordiques ont traversé, parfois de façon synchronisée, parfois en s’inspirant les uns des autres, des périodes de remise en question et de renouvellement qui ont fait émerger des figures canoniques et des cadres de valeurs partagés au-delà des frontières nationales. Un air de famille semble souvent réunir des textes publiés dans des langues différentes, mais permet-il cependant de caractériser la poésie moderniste nordique d’une manière systématique ? Pour autant que l’on puisse parler de tradition à son sujet, quels sont les différences et les points de contact avec d’autres traditions, continentales voire transcontinentales ? Dans quelle mesure les poètes contemporains continuent-ils à se référer à cet héritage ?

  • L’impact des avant-gardes et l’héritage des poètes engagés

Peut-on parler d’une spécificité nordique dans la façon dont les champs poétiques ont été traversés autour des années 1960 par des lignes de force caractérisées par des termes tels que konkretisme, nyenkelhet, systemdiktning ou yhteiskunnallisuus ? Peut-on rattacher les pratiques expérimentales contemporaines à ces mouvements d’avant-garde, en tenant compte de leur versant politique dans le contexte de la société multiculturelle/néo-libérale ? Cet axe peut également permettre d’interroger plus en détail des œuvres travaillant avec une dimension multimédia, à la croisée du texte et de la performance, voire entre les langues.

  • L’importance du référent religieux

En lien avec ce contexte d’expérimentation formelle et d’engagement éthique, on remarque depuis une vingtaine d’années la présence accrue d’un référent religieux parmi certaines des pratiques poétiques les plus originales – et ce dans une perspective résolument non confessionnelle. Cette insistance, sans réel équivalent en France, peut surprendre au sein d’une aire géographique considérée comme faisant partie des plus sécularisées au monde. Est-il possible d’y voir une forme de continuité avec la tradition luthérienne du cantique, faisant du poème un objet investi de valeurs morales et éthiques relevant de rites et pratiques ancrées dans le collectif ? Le recours à un matériau biblique peut-il être vu comme porteur d’une dimension subversive dès lors qu’il s’intègre à un espace culturel ou linguistique qui tend de plus en plus à se considérer comme post-religieux ?

  • Le rôle du sujet de l’énonciation dans le monde social

La crise du sujet est un des traits marquants du XXe siècle, avec pour conséquence, chez de nombreux auteurs, une dévaluation de toute forme d’écriture lyrique et autobiographique – des traits pourtant caractéristiques de l’histoire de la poésie. Existe-t-il malgré tout des pratiques qui, tout en prenant acte de cette remise en cause de l’énonciation personnelle, travaillent à la construction d’une poétique articulée à une figure auctoriale, de façon à « retourner le monde contre lui-même » [Å snu verden inn mot verden], ainsi que l’indique la citation de Tone Hødnebø prise pour titre de ce colloque ? Le « je » de l’énonciation peut-il permettre d’établir « une sorte d’identité expérimentale », comme l’écrit Gunnar Wærness, un « lieu de rencontres » des diverses voix qui traversent l’individu et pour lesquelles le poète peut faire figure de parangon ? Est-il possible de parler d’une persistance du sujet lyrique qui traverserait différentes formes poétiques – y compris du côté des pratiques a priori plus radicales ?

  • Modes de production, de circulation et de réception

On assiste depuis le tournant du XXIe siècle à un développement des pratiques de publication indépendantes (que l’on pense à OEI et Chateau en Suède, H Press et Audiatur en Norvège, Basilisk et Forlaget Virkelig au Danemark, poesia en Finlande). Peut-on mesurer l’importance historique de ces pratiques éditoriales, qui cherchent à redéfinir la publication littéraire en opposant aux logiques de marché de l’édition commerciale une réévaluation expérimentale des critères définitoires de l’objet, livre ou revue ? Cet axe peut également donner l’occasion d’évoquer les réseaux de poètes et éditeurs pan-scandinaves mais aussi, en incluant la question de la traduction, les dispositifs de circulation à un niveau plus international.

Le colloque sera accompagné d’une manifestation littéraire consacrée à la poésie nordique contemporaine en présence d’auteurs scandinaves et finlandais.

Date limite des propositions et consignes :

Les propositions de communication, d’une longueur maximale de 300 mots et accompagnées d’une notice bio-bibliographique, doivent être envoyées sous format word aux adresses ereymond@unistra.fr et harri.veivo@unicaen.fr le 15 septembre au plus tard.

Langues :

Français et anglais.

Comité d’organisation : Harri Veivo (ERLIS, université de Caen Normandie), Emmanuel Reymond (MGNE, université de Strasbourg), Diane Chateau Alaberdina (MGNE, université de Strasbourg) et Caroline Bérenger (ERLIS, université de Caen Normandie)

Contact : ereymond@unistra.fr et harri.veivo@unicaen.fr

“To turn the world against itself”: critical perspectives on

Nordic poetry (20th and 21st centuries)

Symposium at the University of Caen, March 6-7, 2025

accompanied by a literary event devoted to contemporary Nordic poetry

The vitality of Nordic poetry is quite evident today. Major figures such as Inger Christensen and Tomas Tranströmer have been translated all over the world and are among the latest icons of the genre. Others, such as Sjón, Jón Kalman Stefánsson, and the 2023 Nobel Prize winner Jon Fosse, may be known mostly as practitioners of other genres, but they are also, if not primarily, poets, this aspect of their work gradually benefiting from the success of their song lyrics, novels, and plays. The translation and reception of more confidential or experimental poetic practices, often linked to relational networks, confirms the impact of poets from the North in another way. Among many others, poets such as Ann Jäderlund, Cia Rinne, Jørn H. Sværen and Pia Tafdrup have enjoyed an international reputation lately within a specialised community of readers and writers. It seems, however, that the inscription of their writing within a Nordic historicity is only addressed in the vague mode of a geographical origin, and that critics struggle to see a wider constellation of practices, projects, references, traditions and networks behind these few names.

We would like to locate the symposium within this tension, considering Nordic poetry as a field shaped by collective dynamics, but also focusing on singular works in order to examine the contribution they make – not only within their respective fields  but also in a wider context, related to specific modes of circulation and reception on a European or global scale, whose links with the Nordic field remain to be analysed.

To this end, we propose a reflection along five lines, between which there are possible intersections:

  • The Nordic modernist tradition

In the course of the 20th century, there have been several periods of questioning and renewal within the Nordic poetry fields – sometimes synchronically, sometimes by way of one field influencing another –, which gave rise to canonical figures and shared aesthetical values across national borders. A family resemblance often seems to unite texts published in different languages, but does that make it possible to characterise Nordic modernist poetry in a systematic way? Insofar as we can speak of a tradition, what are the differences and points of contact with other continental or even transcontinental traditions? To what extent do contemporary poets continue to refer to this heritage?

  • The impact of the avant-garde and the legacy of committed poetry

Can we speak of a Nordic specificity when it comes to the avant-garde movements structured around the 1960s by labels such as konkretism, nyenkelhet, systemdiktning or yhteiskunnallisuus? To what extent can contemporary experimental poetry be linked to these avant-garde movements, repurposing their political side in the context of a multicultural/neo-liberal society? This axis may also allow us to examine in detail works with a multimedia dimension, at the crossroads of text and performance, and even between languages.

  • The importance of the religious material

In line with this context of formal experimentation and ethical commitment, we can notice over the last twenty years an increasing presence of religious images, motifs and vocabulary among some of the most original poetic practices – within a resolutely non-confessional perspective. This insistence, with no real equivalent in France, may come as a surprise in a geographical area considered among the most secularized ones in the world. Is it possible to see a form of continuity with the Lutheran tradition of the hymn, making the poem an object invested with moral and ethical values based on rites and practices rooted in the collective? Can the use of biblical material be seen as carrying a subversive dimension when integrated into a cultural or linguistic space that increasingly tends to see itself as post-religious?

  • The role of the subject of enunciation in the social world

The crisis of the subject is one of the defining features of the twentieth century, resulting in a devaluation of some of the characteristic features of poetry conceived as a lyrical genre. Are there nonetheless practices which, while acknowledging this, experiment with performance and authorial figure, in order to “turn the world against itself” [Å snu verden inn mot verden], as in the quote by Tone Hødnebø used as the title of this symposium? Can the “I” of the poem make it possible to establish “a kind of experimental identity”, as Gunnar Wærness writes, a “meeting place” for the various voices that run through the individual, and for which the poet can serve as some kind of paragon? Is it possible to speak of a persistence of the lyrical subject that runs through different poetic forms – including the seemingly more radical ones?

  • Modes of production, circulation, and reception

Since the turn of the 21st century, we have seen the development of independent publishing structures (such as OEI and Chateau in Sweden, H Press and Audiatur in Norway, Basilisk and Forlaget Virkelig in Denmark, poesia in Finland). Can we measure the historical importance of these publishing practices, which seek to redefine literary publication by opposing the market logic of commercial publishing with an experimental re-evaluation of the defining criteria of the object, book, journal and magazine? This theme may also provide an opportunity to look at the pan-Scandinavian networks of poets and publishers and, through including the issue of translation, the mechanisms of circulation at a more international level.

The symposium will be accompanied by a literary event devoted to contemporary Nordic poetry, with Scandinavian and Finnish authors in attendance.

Deadline for proposals and instructions:

Please send proposals for papers, maximum 300 words long and accompanied by a bio-bibliographical note in Word format, to ereymond@unistra.fr and harri.veivo@unicaen.fr by September 15 at the latest.

Languages:

French and English

Organising committee: Harri Veivo (ERLIS, University of Caen Normandie), Emmanuel Reymond (MGNE, University of Strasbourg), Diane Chateau Alaberdina (MGNE, University of Strasbourg) and Caroline Bérenger (ERLIS, University of Caen Normandie).

Contact: ereymond@unistra.fr and harri.veivo@unicaen.fr

AàC / CFP : Les écrivaines voyageuses en Europe du Nord durant le long dix-neuvième siècle

AàC / CFP : Les écrivaines voyageuses en Europe du Nord durant le long dix-neuvième siècle

(English version below)

Illustration par Montader de Sigrid, moeurs suédoises de Mme Louise Hameau et Mme Fernande de Lysle (Paris, 1889, disponible sur Gallica)
Illustration par Montader de Sigrid, moeurs suédoises de Mme Louise Hameau et Mme Fernande de Lysle (Paris, 1889, disponible sur Gallica)

Organisé à Université de Haute-Alsace, Mulhouse, France, les 27-28 février 2025

Deadline / Date de tombée : 10 septembre 2024

Nous choisissons de désigner par “Europe du Nord” l’ensemble des régions bordées par la mer du Nord et la mer Baltique, du Royaume-Uni au nord-ouest de la Russie, auxquelles on ajoutera l’Islande.

Le colloque aura pour objet d’étudier les voyages d’écrivaines (dans le sens large de personnes ayant produit des écrits) dans cette partie du monde au cours du “long dix-neuvième siècle”, selon l’expression d’Eric Hobsbawm. La période serait symboliquement bornée par les Lettres écrites lors d’un court séjour en Suède, en Norvège et au Danemark de Mary Wollstonecraft (1796) et la Croisière au cap Nord, voyage en Suède, Norvège, Danemark, à travers le centre de l’Europe de Mme Deblangy (1911). 

Les perspectives adoptées sont délibérément transversales. Les spécialistes de littérature comparée, des littératures nationales européennes, mais aussi d’histoire économique et culturelle, de littérature viatique, d’études de genre, d’histoire de l’art, de rapport entre texte et image, ou encore de sociologie, sont invités à proposer des communications.

Diverses pistes peuvent être envisagées, parmi lesquelles : 

Réalités du voyage

On s’intéressera aux aspects pratiques et logistiques.  Qui sont ces voyageuses, pourquoi et comment ont-elles voyagé, par quels moyens de locomotion ? Sont-elles seules ou accompagnées? Font-elles un “grand tour” au féminin ? Ces mobilités sont-elles volontaires ou forcées ? On se demandera quel impact ces aspects pratiques ont pu avoir sur l’expérience viatique.

On pourra s’intéresser à la relation des voyageuses aux conditions climatiques et aux paysages comme objets d’expérience réelle ou imaginaire. Une perspective écologique, au sens large, montrera les rapports entre l’appréhension des espaces naturels et l’expérience sociale.

Les communications pourront s’intéresser au contexte politique, dans une zone ayant connu au cours du siècle des événements majeurs (reconfigurations multiples de la Scandinavie, domination russe sur les provinces baltes, partage de la Pologne entre puissances impériales, guerres prusso-danoises, etc.).

L’importance du contexte religieux pourra être étudiée, dans des régions à dominante protestante (Islande, Royaume-Uni, Allemagne du nord, Scandinavie, Finlande, Lettonie, Estonie), mais aussi catholique (Lituanie, Pologne, Belgique et nord de la France), voire orthodoxe (Saint-Pétersbourg et la partie de la Russie bordant le golfe de Finlande), avec des zones de friction comme aux Pays-Bas.

Approches culturelles

Les communications pourront s’interroger sur d’éventuelles spécificités de ces voyages par rapport à ceux de voyageuses et voyageurs dans d’autres régions du monde. Quelle vision de l’Europe septentrionale est véhiculée par les écrivaines voyageuses ? Varie-t-elle selon que ces dernières sont originaires de l’une des régions concernées, ou bien d’autres parties de l’Europe et du monde ?

Peut-on identifier des clichés ou stéréotypes d’un exotisme boréal ? A travers leurs textes, des exemples d’influence entre les différents pays ou régions envisagés pourront être étudiés, comme l’intérêt particulier des Britanniques pour la Scandinavie tout au long du siècle, ou les relations instaurées entre le Danemark et la Russie à l’occasion du mariage de la princesse Dagmar et du futur Alexandre III en 1866.

Poétique du voyage

On analysera les centres d’intérêt des voyageuses (géographie, politique, société, arts et littérature…), ainsi que leurs prismes idéologiques ou esthétiques, en prenant en compte la nature de leurs écrits : récits, carnets de voyage, comptes-rendus, journaux intimes, fictions inspirées de voyages réels, articles ou reportages de presse. On examinera en particulier le rapport avec le roman, par exemple dans le cas de Fernande de Lysle. De même, quid du voyage fantasmé, comme dans les poésies de Renée Vivien traduites du norvégien ?

Les communications pourront aussi s’interroger sur d’éventuelles spécificités de ces voyages, et du récit de ceux-ci, par rapport à ceux des hommes.

Enfin, l’étude des images qui accompagnent parfois ces récits sera la bienvenue.

Seront particulièrement appréciées les propositions qui, au moins tangentiellement, abordent les questions suivantes : l’idée d’un monde commun que serait « l’Europe du Nord » transparaît-elle, que ce soit à partir d’un sentiment d’appartenance ou d’extériorité ? Si oui, quels en sont les fondements (géographiques, culturels, religieux…) ? L’environnement naturel est-il mis en rapport avec la société, la morale ou la culture ? Ces idées prennent-elles des formes particulières du fait que les écrits soient ceux de femmes ?

Les communications (en français ou en anglais) pourront porter sur des écrits produits dans n’importe quelle langue durant le long dix-neuvième siècle, dans une perspective qui peut être comparatiste. Toutes les approches critiques sont bienvenues.

Modalités de soumission

Les propositions de communication (en français ou en anglais, 300 mots maximum + brève bio-bibliographie) sont à envoyer pour le 10 septembre 2024 à voyageusesnord@gmail.com

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CFP: Sexual Values in the Nordics and Beyond

CFP: Sexual Values in the Nordics and Beyond

January 17th 2025 at the University of Turku, Turku, Finland

As a part of the Turku Institute for Advanced Studies (TIAS) and following on from the framework research project ‘Vice and Virtue in the Nordic and Germanic Countries’, this workshop will look at the question of sexual values in the Nordic countries and beyond.

The provocative idea of ‘sexual values’ evokes questions related to ethics, philosophy, economics, representation, culture, politics and norms. Asking about the value of sexuality might appear analogous to exposing an intimate practice. Exploring further, it contributes to a critical approach to the normative constructs and axiologies that are generally accepted or essentialised, because they are often not made explicit. Moreover, problematising sexual values leads us to, first and foremost, confront the hierarchy of the sexes imposed by the patriarchal structure of our societies. From a kiss on screen to ways of talking about sex to sex work all assign different values which may be problematised and analysed: Who decides the value of a sexual act and how? Can sexuality be seen as the fulfillment of an obligation? Why is it possible to discriminate on the basis of sexual orientation? Who and what decides how we should talk about sex and to whom?

To provide a framework for such questions, we have chosen to limit the workshop’s themes to the modern and contemporary period (19th century up to the present day) and to Northern Europe. As it stands, this allows us to focus on the question of ‘sexual value’ in Nordic societies. As the second part of the subtitle suggests, however, this framework is to be understood permissively as welcoming broader transnational comparative perspectives as well. Considering ‘sexual values’ as not pre- determined and inviting participants to reflect on these concepts, we hope to weave connections between disciplines and contribute to a better understanding of the relationship between sexualities, practices, representations and imaginaries in the Nordic societies and beyond.

The conference seeks presentations in humanities and social sciences on any (but not limited to) of the following themes:

Gender, Sexuality and Intersectionality       
Media representations of ‘sexual values’     
Ethics and politics of ‘sexual values’           
Sex and Health          
Sexual minorities

Abstract Requirements: 250 words and a brief bio-note (150 words) by 1st September 2024 to aymeric.pantet@utu.fi, joona.rasanen@utu.fi and ranjana.saha@utu.fi. Applicants will be notified by 1 October. For any queries, please contact the conference organisers. Coffee, lunch and dinner will be provided for all the presenters, but travel and accommodation are at the participants’ expense.

AAC/CFP – APEN 2025: Le Nord comme espace de contact(s) – VIe Congrès bisannuel de l’Association pour les Études nordiques

To read the version in English, click here.

19 – 21 mai 2025

Université de Mons (UMONS),
Faculté de traduction et d’interprétation (FTI-EII)

APPEL À COMMUNICATIONS

Le VIe Congrès de l’Association pour les Études nordiques (APEN) sera organisé en Belgique du 19 au 21 mai 2025 par le Service NORD de la Faculté de traduction et d’interprétation – École d’interprètes internationaux (FTI-EII) de l’Université de Mons.

Cette nouvelle édition d’un événement désormais bien établi a pour ambition de réunir chercheuses et chercheurs, doctorant(e)s et professionnel(le)s intéressé(e)s par les mondes scandinave et nordique afin de renforcer les liens entre spécialistes, nourrir et dynamiser les futurs travaux, et rendre compte de l’état de la recherche en Études nordiques indépendamment des domaines où elle s’exprime. À ce titre, l’appel concerne l’ensemble des champs disciplinaires des sciences humaines et sociales, dès lors qu’elles trouvent dans la thématique nordique un espace fécond où s’exprimer.

Au travers de sa thématique, ce sixième Congrès a pour ambition d’explorer le Nord comme « espace de contact(s) ». La notion est ouverte à un large éventail de réappropriations et paraît particulièrement adaptée à une région qui, paradoxalement, est volontiers qualifiée de « périphérique » tout en pouvant se prévaloir d’une certaine centralité puisque fréquemment glorifiée ou érigée en modèle dans de nombreux débats. Dans le sillage de cette thématique, nous proposons aux chercheurs d’envisager la notion d’« espace de contact(s) » de l’une ou l’autre façon suivante (sans que la liste soit exhaustive) pour leur soumission :

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AAP: Coherence and Fragmentation. The Languages of the Nordic Countries and their Interrelations today

AAP: Coherence and Fragmentation. The Languages of the Nordic Countries and their Interrelations today

University of Florence, 14-16 November 2024


Deadline for abstract submission:

15 May 2024

Link to the call for papers
https://mcusercontent.com/1b447066e42d80e8fabd6736d/files/f0aaa65d-0f50-1958-fbcd-83380a08d17b/Call_for_papers_SNU.pdf

Location
University of Florence. Department of Education, Languages, Intercultures, Literatures and Psychology (FORLILPSI)

Contact email
nordlang24@forlilpsi.unifi.it

Homepage
www.nordlang24.unifi.it

Keynote speakers
Henrik Gottlieb (University of Copenhagen), Unn Røyneland (University of Oslo), Julia
Tidigs (University of Helsinki), Anja Schüppert (University of Groningen), Jussi Ylikoski
(University of Turku & Sámi University of Applied Sciences)

Organizers
Lena Dal Pozzo and Anna Wegener

This conference is the first international conference of its kind aiming to bring together highlevel research on multilingualism in the Nordic countries from an interdisciplinary perspective. The three main areas addressed by the conference are: 1) the Nordic countries as multilingual societies; 2) receptive multilingualism; 3) literary multilingualism.


While on the one side the Nordic countries have a common history and are considered by sociologists and historians to represent a “cluster”, on the other side they are quite heterogenous from a linguistic point of view. This heterogeneity can be observed in various ways. First, receptive multilingualism is a common way of communicating between speakers of Danish, Norwegian and Swedish. However, the mutual intelligibility between the languages is asymmetrical, and many young Scandinavians prefer to use English when they 2 meet instead their native tongue. At the same time, there are important differences between young people’s experienced comprehension across the Nordic countries.


Icelandic and Faroese are North Germanic languages, like the Scandinavian languages, whereas Sami and Finnish are Uralic languages and Greenlandic is an Eskimo-Aleut language. The Nordic countries are divided by barriers of linguistic families, barriers which traditionally have been surmounted by Icelandic, Faroese and Greenlandic speakers learning Danish, Finnish speakers learning Swedish, and Sami adopting the national language of the country in which they live. Indeed, many Sami do not speak a Sami language.


Second, the indigenous Sami language group is also heterogeneous across these countries. The situation of these languages varies as regards their endangerment, number of speakers, and relationship to the dominant language.
Third, in addition to indigenous languages, minority languages and national languages, several other languages are spoken in the Nordic region because of the extensive immigration that has occurred in the last decades. From a literary point of view, this has given rise to new narratives mixing slang and different languages and fueled theoretical interest in literary multilingualism, for instance in modernist texts.


Nonetheless, all these languages coexist and interact in and between the countries: Finland has two national languages, Finnish and Swedish, and Sami, Romani, Russian, Yiddish, Tartar and Karelian are officially recognized as minority languages; in Sweden, the national minority languages are Finnish, Yiddish, Meänkieli, Romani and Sami; Norway’s minority languages are North Sami, South Sami, Lule Sami, Kven and Romani, while German is recognized as a minority language in Southern Denmark. In the Nordic Region, the Nordic Language Convention (1981) stipulates that Nordic nationals should be able to communicate in their own language with official bodies in other Nordic countries.


Multilingualism is thus visible in the Nordic countries on many levels and can be investigated from a wide range of theoretical and methodological perspectives. The conference invites papers on the Nordic countries as a multilingual region in which languages exist side by side, come into contact with and influence each other, are used as identity markers and political instruments, and give rise to multilingual texts.

Themes might include, but are not limited to:
• Receptive multilingualism as a political ideal
• Verbal and non-verbal strategies to communicate across languages
• Code-switching, mutual intelligibility, and language choice
• Factors determining the level of mutual intelligibility in Scandinavia
• Attitudes towards minority languages
• Uses of minority languages at an individual and group level
• Language policies in a transnordic perspective
• Repression and revitalization of indigenous languages
• Language endangerment and language loss
• Bi- and multilingual acquisition
• Bilingualism in individuals and society
• Language maintenance and shift
• Instruction in the other Nordic region languages in primary and secondary schools in the Nordic countries
• The impact of English on the languages of the Nordic countries
• The relationship between the use of various languages and identity
• The role of translation in communicating minority languages and cultures both within and outside the Nordic region
• Different forms of literary multilingualism
• Functions of literary multilingualism

Lectures and round tables will be divided into different sessions that reflect the key issues of the conference. The conference will conclude with a public event on Sami culture. Please submit a one-page abstract (ca. 200 – 300 words) and a short bio-note (50 words) by 15 May. Presentations (in English) will consist of a 20-minute talk followed by 10 minutes for questions and discussion. All abstracts should be submitted to nordlang24@forlilpsi.unifi.it

After the conference, participants will be invited to submit an article to a special issue of the peer-reviewed journal LEA (Lingue e Letterature d’Oriente e d’Occidente) published by the University of Florence. LEA is a “class A” journal, the highest ranking that can be accorded to a scientific journal in Italy. The publication will mirror the structure of the conference and thus consist of three main sections (Multilingualism in Society, Receptive Multilingualism, Literary Multilingualism).

The participation fee is 60 €, while the conference dinner (optional) costs 40 €. The participation fee for students is 25 €.


Key dates

• The deadline for abstract submission is 15 May 2024.
• Notification of acceptance or rejection will be sent out by 15 June 2024.
• Registration will begin on 15 June 2024.
• The conference will take place from 14 to 16 November 2024.

The conference is supported by SNU (Samarbejdsnævnet for Nordenundervisning i Udlandet).

AAP : Kierkegaard and French Laïcité

AAP : Kierkegaard and French Laïcité

October, 9th 2024—October, 10th 2024.

Location : Institut Français du Danemark

“The French would never understand him,” predicted Mrs. Regine Schlegel, Kierkegaard’s former fiancée, in an interview she gave a few years before her death. It is not clear why Mrs. Schlegel thought that the French would never understand Kierkegaard’s thought as she did not explain herself any further, but if she were right, a conference on Kierkegaard and French laïcité would be of little interest. She seems to have been mistaken though, as the French reception of his thought has been prolific, spurring a broad and intense debate about existence, individuals’ freedom of choice and religious phenomena. However, despite its diversity and richness, the reception of Kierkegaard has rarely discussed the relation between his work and the specific concept of French laïcité.

What is French laïcité?

It is usually said that there are two conceptions of laïcité. The first one is traditional and has its roots in the 1905 law on the Separation of the Churches and the State. This law aimed to prevent any state persecution of religious minorities, as it had been the case during the Wars of Religion. It also hoped to constrain the political power of the Catholic Church. The second conception of laïcité is considered more offensive and appeared around twenty years ago. It requires religious neutrality from citizens working for the State and from pupils in public schools. In 2004, a law passed to ban conspicuous religious symbols in public schools. In fact, by having an education system that does not support any particular religious view, the State aims to fight proselytism, communitarian withdrawals and sectarianism. In that case, l’école de la République aspires to show pupils that religion is not determined by birth, but is something that individuals can freely choose or reject. The common aim of both conceptions is to allow religious plurality and provide religious freedom as well as prevent misconduct from religious communities. In other words, French laïcité is supposed to be an answer to the historical process of secularization that, despite predictions, did not end up with the disappearance of beliefs in the West but with more varied beliefs that cohabit. Laïcité hopes to create a space of vivre-ensemble.

Nevertheless, French laïcité also has its detractors. It has, for example, been criticized for being an attempt to suppress religious phenomena, thus trying to create an atheistic State where religions would not be allowed any political voice. In that case, the goal would be to erase them from the public sphere, which would, by extent, mean that laïcité failed to provide religious freedom. It is obvious that Kierkegaard does not address the concept of laïcité directly as the word itself is not present in his writings. One can nevertheless find ample resources to address and discuss the question that laïcité represents and the issues of religious life, religious pluralism, and freedom. Kierkegaard’s understanding of existence as interiority and choice, his late “Attack Upon Christendom,” his concept of the crowd and his desire to describe various ways of life, could all be relevant to the debate. Kierkegaard is a religious author who sees faith as an existential need, but at the same time he offers a harsh critique of institutionalized religion and of the Church. This conference does not aim to talk about Kierkegaard’s own religious context, but hopes to give Kierkegaardian accounts—thus using Kierkegaardian concepts and theses—to discuss the contemporary issues that come with religious plurality and religious freedom in the private and public spheres. Is French laïcité compatible with a Kierkegaardian conception of religiosity? Does laïcité provide a space for religious freedom and the expression of faith? Is the disappearance of a State

Church synonymous to the end of its religion in a country? In a Kierkegaardian perspective, what place should religions have in the public and political spheres and to what extent should the State be allowed to determine how individuals and communities express their religious beliefs?

Application and contact

  • If you wish to present a paper at the Conference on “Kierkegaard and French laïcité”, you can email an abstract and a title in English as a PDF (max. 350 words) to Cassandre Caballero (ccb@teol.ku.dk). The submission deadline is June 1 st , 2024. Communication of acceptance or rejection will be made by June 15 th , 2024.
  • This Conference is organized by the French Institute in Denmark in collaboration with Cassandre Caballero (CURAPP-ESS, University of Picardie Jules Verne and Søren Kierkegaard Research Centre, University of Copenhagen) and René Rosfort (Søren Kierkegaard Research Centre, University of Copenhagen).
CFP/AAP: Medievalisms of the Margins / Les médiévalismes à la marge

CFP/AAP: Medievalisms of the Margins / Les médiévalismes à la marge

Staging Medieval Memories in Outside Western Europe / Mise en scène des mémoires médiévales en dehors de l’Europe occidentale

Peinture par Heinrich Semiradzki Les funérailles d'Igor de Kiev. (1877)
Heinrich Semiradzki: Les funérailles d’Igor de Kiev. (1884) source: Wikimedia.

Strasbourg, March 27-29, 2025 / 27-29 mars 2025

Organized by / organisé par Tatiana Victoroff (Université de Strasbourg), Thomas Mohnike (Université de Strasbourg), Giuseppina Giuliano (University of Salerno), Yordan Lyutskanov (Bulgarian Academy of Sciences) and Alexander Medvedev (independent scholar)

Proposals / propositions jusqu’à 20 juin / 20th of June 2024 à lge-medievalism2025@unistra.fr

Since the 19th century, the Middle Ages have often been made up of mythemes such as castles, forests, princesses, knights and unicorns, which may meet populations living in the desert to the south, decadence or barbarism to the east and savage Vikings to the north on the margins, but the latter act as representatives of the Other, the Stranger. Indeed, these imaginative geographies reflect the European geopolitical and cultural situation of the 19th century, with France and Great Britain at the centre and the rest of Europe in the periphery and even on the margins. In the fictional medieval world, these geographies have changed little to the present day, even when adapted for use in new media. However, from these supposed margins, writers, artists and other cultural mediators have launched projects to update and reuse medieval sources and ideas for their own cultural, aesthetic and political projects. This conference aims to explore the medieval strategies of authors from Eastern, Central and Northern and what was later called East-Central Europe, who often construct their visions of the Middle Ages in tension with the dominant discourses of medievalism.

We are particularly interested in studies that cross the boundaries of traditional disciplines and propose case studies in which actors, artefacts or media from different parts of these supposed margins interact. Such studies might, for example, focus on the function of the Byzantine and Muslim worlds, since the imagined encounter with actors from an even more distant East often serves as an incentive for the dramatic logic of national myths.

Paper proposals of 250-300 words should be supplemented by 5-7 keywords and 3-5 particularly relevant references.

Depuis le XIXe siècle, le Moyen Âge est souvent constitué de mythèmes tels que châteaux, forêts, princesses, chevaliers et licornes, qui peuvent rencontrer à la marge des populations vivant dans le désert au sud, la décadence ou la barbarie à l’est et les sauvages vikings au nord, mais ces derniers agissent comme des représentants de l’Autre, de l’Étranger. En effet, ces géographies imaginatives reflètent la situation géopolitique et culturelle européenne du XIXe siècle, avec la France et la Grande-Bretagne au centre et le reste de l’Europe à la périphérie, voire en marge. Dans le monde médiéval fictif, ces géographies ont peu changé jusqu’à aujourd’hui, même lorsqu’elles sont adaptées aux nouveaux médias. Cependant, à partir de ces marges supposées, des écrivains, des artistes et d’autres médiateurs culturels ont lancé des projets visant à actualiser et à réutiliser les sources et les idées médiévales pour leurs propres projets culturels, esthétiques et politiques. Cette conférence vise à explorer les stratégies médiévales des auteurs de l’Est, du Centre et du Nord de l’Europe et de ce qui a été appelé plus tard l’Europe centrale et orientale, qui construisent souvent leurs visions du Moyen Âge en tension avec les discours dominants du médiévalisme.

Nous sommes particulièrement intéressés par les études qui dépassent les frontières des disciplines traditionnelles et proposent des études de cas dans lesquelles interagissent des acteurs, des artefacts ou des médias provenant de différentes parties de ces marges supposées. De telles études pourraient, par exemple, se concentrer sur la fonction des mondes byzantin et musulman, puisque la rencontre imaginée avec des acteurs d’un Orient encore plus lointain sert souvent d’incitation à la logique dramatique des mythes nationaux.

Les propositions d’articles de 250 à 300 mots doivent être complétées par 5 à 7 mots-clés et 3 à 5 références particulièrement pertinentes.

AAC : Imaginaires des sexes, des genres et des sexualités dans les productions littéraires, artistiques et médiatiques des cultures du Nord circumpolaire 

AAC : Imaginaires des sexes, des genres et des sexualités dans les productions littéraires, artistiques et médiatiques des cultures du Nord circumpolaire 

English follows.

APPEL À COMMUNICATIONS

Colloque international
« Imaginaires des sexes, des genres et des sexualités dans les productions littéraires, artistiques et médiatiques des cultures du Nord circumpolaire » Université d’Umeå (Suède)
Les 17 et 18 juin 2024

Les pays et cultures du Nord circumpolaire ont vécu leurs révolutions féministe et homosexuelle peu ou prou au même moment, au courant des années 1970 et 1980, et ont été parmi les premiers à mettre de l’avant des valeurs d’égalité entre les hommes et les femmes et à reconnaitre les droits des personnes LGBTQ+. Toutefois, existe toujours dans ces cultures, pourtant vues d’un point de vue extérieur comme un modèle, une tension entre la valorisation de la diversité et des valeurs traditionnelles. Aujourd’hui, à l’heure où les identités sexuelles, de genre et de désir sont en pleine redéfinition, quelles figures sexuelles et de genre peuplent les productions culturelles des pays du Nord? En a-t-on vraiment fini avec les modèles traditionnels? De quoi sont teintées les explorations actuelles? Quelles sexualités peuvent aujourd’hui s’écrire, se représenter? Quelle place est accordée aux personnes trans et non-binaires dans nos récits? Quelles formes prennent les œuvres littéraires, artistiques et médiatiques les mettant en scène?

Nous vous invitons à l’Université d’Umeå, au nord du 55e parallèle, afin de réfléchir aux formes et discours qui traduisent les imaginaires nordiques lorsqu’il est question de sexe, de genre et de sexualités. Quels rapprochements, quelles expressions de différentes formes de « nordicité » peut-on tracer dans les productions littéraires, médiatiques et artistiques des cultures du Nord, en privilégiant l’axe Suède-Québec, mais non exclusivement?

Les propositions de communication adopteront aussi bien une posture comparative que croisée (lecteurices d’une culture du Nord analysant des œuvres d’autres cultures du Nord), ou encore présenteront ce qui, dans leur propre culture, ressort de l’imaginaire du Nord et de l’Arctique en lien avec la façon de performer et de vivre le genre ainsi que les rapports interpersonnels sexués et genrés. Nous invitons des communications de la part de doctorantes et doctorants aussi bien que de chercheuses et chercheurs établi·es.

Pistes de travail possibles, mais non limitatives :
• Le réveil féministe des années 1970 et suivantes
• Nouvelles féminités, nouvelles masculinités
• L’homosexualité et la bisexualité
• Les identités trans et non-binaires
• Les violences sexuelles et de genre
• Les couples et leurs avatars queer
• Le corps sexué, le corps genré, le corps désirant
• Le queer, le « Two-spirit », le “Silde” et le « trickster » dans les cultures du Nord
• Autochtonie et diversité
• Sexe, genre et espaces nordiques
• La langue comme outil de valorisation de l’égalité et de la diversité
• Langue et traduction
• Circulation des œuvres

Faire parvenir les propositions de communication (±250 mots) ainsi qu’une courte notice biographique (le tout devant tenir sur une seule page) à Isabelle Boisclair isabelle.boisclair@usherbrooke.ca, Daniel Chartier imaginairedunord@uqam.ca et Malin Isaksson malin.isaksson@umu.se au plus tard le 15 décembre 2023. Les auteurices des propositions retenues seront avisées en janvier.

Les frais de déplacement et de séjour devront être pris en charge par les participant·es.

Le colloque est co-organisé par l’Université d’Umeå, l’Université de Sherbrooke et l’Université du Québec à Montréal, dans le cadre des travaux du Centre de recherche sur la littérature et la culture au Québec (le CRILCQ), le Laboratoire international de recherche sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique, ainsi que du Arctic Centre at Umeå University.


CALL FOR PAPERS

International Symposium

“Imaginaries of Sex, Gender, and Sexualities in the Literary, Artistic, and Media Productions of the Circumpolar North”
Umeå University (Sweden) June 17th-18th 2024

The countries and cultures of the circumpolar North experienced their feminist and homosexual revolutions more or less at the same time, in the 1970s and 1980s, and were among the first to put forward values of equality between men and women and to recognize the rights of LGBTQ+ people. However, there still exists in these cultures, even though seen from an outside point of view as a model, a tension between the valorization of diversity and traditional values. Today, at a time when sexual and gender identities and desires are being redefined, what sexual and gender figures populate cultural productions in Northern cultures? Are we really done with traditional role models? What are the current explorations about? Which sexualities can be written and represented today? What place is given to trans and non-binary people in our narratives? Which forms do the literary, artistic and media works featuring them take?

We invite you to the University of Umeå, North of the 55th parallel, to reflect on the forms and discourses that translate images of the North when it comes to sex, gender and sexuality. What connections and expressions of different forms of “nordicity” can be found in the literary, media and artistic productions of northern countries, with a focus on Sweden-Québec but not exclusively?

Paper proposals will adopt both a comparative and cross-cultural stance (readers from one Northern culture analyzing works from other Northern culture), or will present what, in their own culture, emerges from the images of the North and the Arctic in relation to ways of performing and experiencing gender, as well as gendered and sexual interpersonal relations. We expect papers from both doctoral students and established researchers.

Possible but non-limiting lines of enquiry:

– The feminist awakening of the 1970s and beyond
– Language as a tool for promoting equality and diversity
– Homosexuality and bisexuality
– Trans and non-binary identities
– Sexual and gender-based violence
– Couples and their queer avatars
– The sexed body, the gendered body, the desiring body
– Queer, “Two-spirit”, the “Silde” and the “trickster” in northern cultures
– Sex, gender and Northern spaces
– Diversity and Indigenous people
– Language and translation
– Circulation of works

Proposals (±250 words) and a short biographical note (all on one page) should be sent to Isabelle Boisclair isabelle.boisclair@usherbrooke.ca, Daniel Chartier imaginairedunord@uqam.ca and Malin Isaksson malin.isaksson@umu.se by December 15th, 2023. Authors of successful proposals will be notified in January.

Travel and accommodation costs must be covered by the participants.

This conference is co-organized by Umeå University, the Université de Sherbrooke and the Université du Québec à Montréal, as part of the Centre de recherche sur la littérature et la culture au Québec (le CRILCQ), the International Laboratory for Research on Images of the North, Winter and the Arctic, and the Arctic Centre at Umeå University.

Thème : Overlay par Kaira.