Le président de l’université Paris-Sorbonne, le directeur et les enseignants chercheurs de la section d’Études Nordiques et Scandinaves de l’UFR de Littératures Germaniques et Nordiques, font part de la disparition de Régis Boyer, qui fut professeur de langues, littératures et civilisations scandinaves à Paris-Sorbonne de 1971 à 2001.
Né en 1932, Régis Boyer avait, au début des années 1950, fait des études de français, de philosophie et d’anglais tout en suivant l’enseignement en langues et littératures scandinaves dispensé par Maurice Gravier à l’université de Nancy. Il s’initia alors au suédois et au vieux norrois, avant de passer l’agrégation de Lettres et d’enseigner comme lecteur de français à l’université de Łódź en Pologne, puis à l’université de Reykjavik en Islande et dans les universités de Lund et Uppsala en Suède. Après une dizaine d’années en Scandinavie il soutint en 1970 une thèse d’État (sur deux sujets : le vieil islandais, dans le sillage
de l’histoire comparée des religions de Dumézil, l’autre sujet relevant de la littérature comparée).
Il fut alors nommé Maître Assistant en études scandinaves à la Sorbonne, puis, l’année suivante, professeur de langues, littératures et civilisation scandinaves, poste qu’il occupa jusqu’à sa retraite en 2001. Pendant toute sa carrière à la Sorbonne, Régis Boyer a développé et structuré la formation en études scandinaves, organisé de multiples événements scientifiques, dirigé une trentaine de thèses et suscité au-delà de nombreuses vocations. Par ses publications sur la civilisation scandinave ancienne et moderne, il a fait connaître en France l’histoire et la littérature scandinave médiévale. Il a éveillé la curiosité et l’intérêt du grand public pour les Vikings et contribué à en donner une image historique nuancée. Infatigable passeur, il a traduit une cinquantaine d’ouvrages depuis le danois, l’islandais, le norvégien et le suédois. Il a ainsi fait mieux connaître en France les œuvres de l’Islandais Halldór Laxness, de la Danoise Karen Blixen, des Norvégiens Knut Hamsun et Tarjei Vesaas, ou encore des Suédois Pär Lagerkvist, Selma Lagerlöf, August Strindberg et Emanuel Swedenborg, pour ne citer que les plus connus. Il a notamment dirigé quatre volumes dans la Bibliothèque de la Pléiade, consacrés à l’oeuvre de H.C. Andersen (2 tomes), au théâtre d’Henrik Ibsen, et enfin aux Sagas islandaises, qui ont marqué les esprits et donné aux lettres du Nord une place particulière dans le champ littéraire français. Il venait de préparer, pour la même collection, deux volumes sur Søren Kierkegaard. Il avait obtenu en 1970 le prix Broquette-Gonin (littérature) et en 2013 le prix Roger-Caillois.