Étiquette : Manifestation scientifique

Séminaire de recherche – Les féministes nordiques n’ont pas froid aux yeux

Séminaire de recherche – Les féministes nordiques n’ont pas froid aux yeux

Savez-vous pourquoi les féministes nordiques n’ont pas froid aux yeux ?

Le séminaire de recherche sur le féminisme dans les productions nordiques contemporaines organisé par Frédérique Toudoire-Surlapierre se tiendra le vendredi 4 octobre 2024 de 9h30 à 11h dans la salle 310 du Centre Malesherbes de Sorbonne Université (108 Bd Malesherbes, 75017, Paris).

Les intervenantes seront Marie-Laure Delaporte de l’Université Paris-Nanterre et Minhee Kim de l’Université Paris 8. 

Colloque international “Feu (sur) le canon”, Sorbonne Université, Paris, France. 19-21 juin 2025

Colloque international “Feu (sur) le canon”, Sorbonne Université, Paris, France. 19-21 juin 2025

Le concept de canon littéraire est profondément paradoxal. Si l’existence du canon ou de canons n’est généralement pas remise en cause, la définition même de la notion est fluctuante et ses contours, c’est-à-dire ce que l’on considère comme relevant du canon, ne font pas, loin s’en faut, objet de consensus. Désignant un ensemble de textes au statut presque sacré et aux qualités littéraires aussi incontestables qu’inégalées, le canon représente aussi les œuvres perçues comme pionnières dans l’établissement et la mise en œuvre d’une esthétique donnée. Ayant fonction de modèles et de cadres normatifs, elles appellent une postérité soucieuse d’en respecter les codes. Sont également considérées « canoniques » les œuvres qui constituent les fondations mêmes d’une culture littéraire noble et dont la lecture est incontournable. Connaître ces textes et en reconnaître les vertus sont dès lors des marques d’appartenance culturelle – et, plus largement, sociale. 

Aussi commodes ces définitions soient-elles, en occultant le rôle du temps et de l’espace, elles postulent toutefois de façon trompeuse la stabilité du canon. Celui-ci, en d’autres termes, se structure autour des principes en réalité toujours inatteignables de l’identité à soi et de l’immuabilité. Toutefois, ce qu’est le canon littéraire et quelles œuvres et auteur(e)s il recouvre est indissociable de la chronologie et du lieu. Comme le font observer Didier Alexandre et Michael Bernsen : « Le canon des érudits du XVIème siècle diffère de celui du XXème siècle, sans que l’on puisse réduire ces différences à la seule référence au monde culturel gréco-latin » (Alexandre et Bernsen 2017, 7). 

À rebours de ce qu’avance Harold Bloom, héraut de la canonicité masculine et occidentale, l’on peut affirmer que la liste ouverte et souvent remaniée des œuvres et auteurs canoniques varie d’un moment et d’un lieu à l’autre du monde et pas seulement du monde occidental. S’il existe bel et bien un canon, produit quelque peu flou ou (plus positivement) dynamique de la littérature, il ne peut être conçu indépendamment des forces qui lui confèrent (pour un temps) forme et autorité, c’est-à-dire de ce que l’on peut appeler métaphoriquement « la fabrique du canon ». Pour l’historienne de l’art Griselda Pollock, la canonicité repose principalement sur deux arguments spécieux (Pollock 1999, 3-21; 2007, 45-69). Le premier est que la qualité des œuvres élevées au canon serait révélée spontanément, évidente et qu’elle serait, dès lors, universelle. Le second est que l’inclusion d’un auteur dans le cercle prestigieux des écrivains canoniques résulterait purement d’un accomplissement individuel exceptionnel. Ces principes cachent habilement que ce sont, de fait, des acteurs tiers qui, en toute subjectivité et pour des motifs idéologiques, catapultent œuvres et auteurs au rang de modèles. Pollock ajoute ainsi que les faiseurs de canon et les auteurs qu’ils ont promus sont très majoritairement des hommes blancs et hétérosexuels et que le canon constitué sert à la fois de symbole et de rempart de leur pouvoir.

Qui ou qu’est-ce qui est à l’œuvre dans la création du canon littéraire, en d’autres termes, quels sont les rouages qui font tourner la fabrique du canon ? Dans le sillage de ses six journées d’étude (2023-2025), le colloque final du projet Canon Factory cherchera, dans un premier questionnement, à approfondir l’analyse des institutions et des personnes impliquées dans la formation du canon dans les quatre aires linguistiques et culturelles choisies comme champs exploratoires : les littératures anglophones, germanophones, néerlandophones et nordiques. 

Avec l’arrivée des études féministes, postcoloniales, queer et sur le genre, le canon et ceux qui le font ont été au cœur de ce que Pollock appelle des « guerres culturelles ». La critique de leur hégémonie, menée par des groupes marginalisés et désireux d’être reconnus, ce que David Fishelov (Fishelov 2010, 30-43) appelle l’opposition entre le « camp du beau » et le « camp du pouvoir » (« the beauty  party» et « the power  party»), s’est accompagnée du désir de voir légitimé(e)s des auteur(e)s et des productions jusqu’alors exclu(e)s de la littérature. De nouvelles formes et esthétiques sont apparues dans le champ du littéraire et, à la faveur d’un mouvement anti-élitaire contestant le modèle humaniste libéral d’éducation par le livre canonique (Löffler, 2017, 7), leur valeur a été plus largement reconnue, au-delà même des cercles autorisés de la critique. Ce mouvement a sans doute aussi permis l’émergence d’un canon réel recouvrant les œuvres lues véritablement, distinctes de celles du canon idéel. Ce canon de fait serait ainsi voué à être, selon Christine Meyer, « le produit transitoire d’un processus en cours qui cherche à développer et rénover la liste des œuvres de référence (‘Kanonbildung’) » (« the transitory fruit of an ongoing process of development and renovation of the works of reference (‘Kanonbildung’) », Meyer 2023, 29).

Qu’elle soit idéologique, esthétique, ou les deux, la critique du canon et la reconnaissance progressive de voix et de textes jusqu’alors marginalisés voire ostracisés constitueront le second axe de recherche du colloque. Ce dernier permettra de mettre l’accent sur des évolutions relativement récentes et abordera plus spécifiquement les littératures post- et décoloniales, LGBTQAI+, performées (des expérimentations théâtrales radicales jusqu’au spoken word et au slam poétique) de même que la bande dessinée et les romans graphiques. Qu’advient-il lorsque la fabrique du canon a été remise en question ?

Dans un récent article paru sous le titre « Do We Need To Dismantle the Literary Canon? » dans le Guardian, l’enseignant, journaliste et essayiste Jeffrey Boakye affirme qu’en ce qui concerne les programmes scolaires de littérature, il serait tentant de faire table rase du canon patriarcal et blanc et d’ « opérer un retour de balancier qui, s’éloignant de tous ces hommes blancs, vieux et valides, les remplace par quelques chose de différent, ‘d’autre’, par des auteur(e)s marginalisé(e)s en raison de leur genre, leur ethnicité, leur classe, leur orientation sexuelle et la façon dont on les racise » (« make the pendulum swing away from all those stale, pale, able-bodied males and replace them with something different, something ‘other’, authors who have been marginalised by race, gender, ethnicity, class and sexuality ».) Moins radical, le mode opératoire qu’il propose invite à ménager une place importante à la subjectivité et à l’expérience vécue des enseignant(e)s pour choisir les œuvres proposées à leurs élèves. Cette démarche libératoire décloisonne le canon pour y inclure des textes de tous horizons, attendu que le programme doit être « tout ce que nous voulons qu’il soit » (« anything we want it to be »). Il s’agit selon lui de dénicher, collecter et faire dialoguer entre eux de manière inattendue des textes choisis personnellement pour faire émerger « quelque chose de nouveau » (« something new ») (The Guardian, 12 juin 2023). 

Mais qu’est-ce précisément que cette « chose nouvelle » ? Suppose-t-elle ou non une opposition frontale au canon des œuvres consacrées et à la culture dite légitime ? Il s’agit là de la troisième aire que le colloque cherchera à circonscrire en s’intéressant à la création de canons nouveaux et alternatifs et en posant une question connexe : est-il ou non possible de penser le littéraire sans canon ? Quelles sont les stratégies auxquelles recourent les auteur(e)s qui refusent d’être associé(e)s à un nouveau mouvement de canonisation, notamment parce que, comme le rappelle Henry Louis Gates Jr. en le désacralisant, le canon est aussi « le livre de lieux communs de notre culture partagée » (« the commonplace book of our shared culture », Gates 1992, 21) ? S’ils se maintiennent dans une position marginale, n’en viennent-ils pas cependant et paradoxalement à affirmer leur auto-canonisation ?

Nous accueillerons des communications de 30 minutes en anglais ou en français consacrées à l’une ou l’autre des aires linguistiques et culturelles du projet ou, dans une perspective comparatiste, à plusieurs simultanément. Sans s’y limiter nécessairement, les travaux pourront porter sur :

  •  le / les processus de canonisation : analyses diachroniques du canon et de ses fluctuations ; l’influence des prix et récompenses littéraires, des maisons d’édition, des programmes scolaires et universitaires, des anthologies, des académies et canons nationaux ; la canonicité et les média / les réseaux sociaux
  • la remise en cause du canon : « guerres culturelles » et guerres du canon, origines, formes, étendue ; « l’Empire vous répond », littérature postcoloniale, pratique décoloniale, littérature de la (post)migration ; visibilité accrue d’auteur(e)s et formes tenu(e)s jusqu’alors pour non canoniques : écriture expérimentale, littérature performée, œuvres LGBTQAI+, œuvres inter- ou multimédiales (bande dessinée, roman graphique), textes recourant aux sociolectes / dialectes 
  • nouveaux canons : nouvelles formes et leur institutionnalisation, leur marchandisation, le succès populaire et la critique ; redéfinition du champ du littéraire ; négation radicale du canon ou définition de nouveaux paradigmes de canonicité ; stratégies de résistance à la canonicité ; revendication de marginalité.

Bibliographie indicative :

Ahmed, Sara. On Being Included: Racism and Diversity in Institutional Life. Durham: Duke University Press, 2012.

Algee-Hewitt, Mark et Mark McGurl. “Between Canon and Corpus: Six Perspectives on 20th-Century Novels.” Pamphlets of the Stanford Literary Lab, 2015. https://litlab.stanford.edu/LiteraryLabPamphlet8.pdf. Consulté le 20 septembre 2024.

Assmann, Aleida. „Kanonforschung als Provokation der Literaturwissenschaft.“ In Von Heydebrand, Renate, ed. Kanon Macht Kultur, Theoretische, historische und soziale Aspekte ästhetischer Kanonbildungen. DFG-Symposion 1996. Heidelberg: Metzler, 1998. 47-59.

Bezzola Lambert, Ladina et Andrea Ochsner. Moment to Monument: The Making and Unmaking of Cultural Significance. Bielefeld: Transcript; New Brunswick, NJ: Transaction Publishers, 2009.

Bloom, Harold. The Western Canon: The Books and Schools of the Ages. New York: Harcourt & Brace, 1994. 

Boakye, Jeffrey. “Do We Need To Dismantle the Literary Canon?” The Guardian, June 12, 2023. 

Bourguignon Annie, Konrad Harrer and Franz Hintereder-Emde, eds. Zwischen Kanon und Unterhaltung: interkulturelle und intermediale Aspekte von hoher und niederer Literatur / Between Canon and Entertainment : Intercultural and Intermedial Aspects of Highbrow and Lowbrow Literature. Berlin: Frank & Timme, 2016.

Brodersen, Randi Benedikte, ed. Kanonisk selskabsleg i nordisk litteratur. Copenhague: Nordisk Ministerråd, 2013. 

Canon et mémoire culturelle. Œuvres canoniques et postéritéÉtudes Germaniques 62.3 (2007). 

Didier, Alexandre et Michael Bernsen, eds. Un canon littéraire européen? : Actes du colloque international de Bonn des 26, 27 et 28 Mars 2014 ; A European Literary Canon? Acts of the Bonn International Colloquium of 26, 27 and 28 March 2014. Janvier 2017. https://www.europaeische-kulturen.uni-bonn.de/medien-europaeische-kulturen/1_alexandre-bernsen-introduction.pdf. Consulté le 20 septembre 2024. 

Fishelov, David. Dialogues with/and-Great Books: The Dynamics of Canon Formation. Brighton: Sussex Academic Press, 2010.

Gates, Henry Louis Jr. “The Master’s Pieces: On Canon Formation and the African American Tradition.” In Loose Canons: Notes on the Culture Wars. Oxford: Oxford University Press, 1992. 17-42.

Gauthier, Vicky, Camille Islert et Martine Reid. “‘Faire éclater le canon, arriver à un discours commun sur la littérature.’” GLAD! Revue sur le langage, le genre, les sexualités 12 (juillet 2022). DOI : https://doi.org/10.4000/glad.4585. Consulté le 20 septembre 2024.

Goldstein, Claudia: “Comics and the Canon: Graphic Novels, Visual Narrative, and Art History.” In Teaching the Graphic Novel. Ed. Stephen E. Tabachnick. New York: Modern Language Association of America, 2009. 254‑261.

Heede, Dag, Anne Heith et Ann-Sofie Lönngren, eds. Rethinking National Literatures and the Literary Canon in Scandinavia. Cambridge: Cambridge Scholars Publishing, 2015. 

Huggan, Graham. The Postcolonial Exotic: Marketing the Margins. London and New York: Routledge, 2001.

Jagne-Soreau, Maïmouna. “I don’t write about me, I write about you.” Postmigration Studies 4 (2021): 161-179.

Kiguru, Doseline. “Literary Prizes, Writers’ Organisations and Canon Formation in Africa.” African Studies 75.2 (August 2016): 202-214. DOI :https://doi-org.janus.bis-sorbonne.fr/10.1080/00020184.2016.1182317. Consulté le 20 septembre 2024.

Körber, Lill-Ann et Ebbe Volquardsen, eds. The Postcolonial North Atlantic: Iceland, Greenland and the Faroe Islands. Berlin: Nordeuropa-Institut der Humboldt-Universität, 2014.

Langgård, Karen. From Oral Tradition to Rap: Literatures of the Polar North. Ilisimaturarfik: Forlaget Atuagkat, 2011. 

Larsen, Peter Stein. “Nordisme, kanonisering og kvalitetskriterier: Tre vinkler på Nordisk Råds Litteraturpris.”Reception 78 (2019): 29-39.

Löffler, Philipp. “Introduction: The Practices of Reading and the Need for Literary Value.” In Reading the Canon: Literary History in the 21st Century. Ed. Philipp Löffler. Heidelberg: Universitätsverlag Winter, 2017. 1-20.

Loman, Andrew. “‘That Mouse’s Shadow’: The Canonization of Spiegelman’s Maus.” In The Rise of the American Comics Artist: Creators and Context. Ed. Paul Williams and James Lyons. Jackson: University Press of Mississippi, 2010. 210-234.

Malkani, Fabrice, Anne-Marie Saint-Gille et Ralf Zschachlitz, eds. Canon et identité culturelle. Élites, masses, manipulation. Saint-Étienne : Publications de l’université de Saint-Étienne, 2010.

Malkani, Fabrice et Ralf Zschachlitz, eds. Pour une réelle culture européenne ? Au-delà des canons culturels et littéraires nationaux. Paris : L’Harmattan (« coll. De l’Allemand »), 2012.

Meyer, Christine. Questioning the Canon: Counter-Discourse and the Minority Perspective in Contemporary German Literature. 2021. Berlin and Boston: De Gruyter, 2023.

Olusegun-Joseph, Yomi. “Canons and Margins: Contemporary Nigerian Writing, Father-Surveillance Criticism and Kindred Economies of Othering.” African Studies Quarterly 20.2 (2021): 62-79. https://asq.africa.ufl.edu/wp-content/uploads/sites/168/V20i2a4.pdf. Consulté le 20 septembre 2024.

Mukherjee, Ankhi. What Is a Classic? Postcolonial Rewriting and Invention of the Canon. Stanford: Stanford University Press, 2014.  

Pollock, Griselda. “Des canons et des guerres culturelles.” Trad. Séverine Sofio et Perin Emel Yavuz. Les cahiers du genre 43.2 (2017): 45-69.

Pollock, Griselda. Differencing the Canon: Feminist Desire and the Writing of Art’s Histories.London and New York: Routledge, 1999. 3-21.

Ponzanesi, Sandra. The Postcolonial Cultural Industry: Icons, Markets, Mythologies. Houndmills: Palgrave Macmillan, 2014.

Ripple, Gabriele et Simone Winko, eds. Handbuch Kanon und Wertung. Theorien, Instanzen, Geschichte. Heidelberg: Metzler, 2013.

Thomsen, Mads Rosendahl. Mapping World Literature: International Canonization and Transnational Literatures. Bloomsbury Publishing, 2008.

Van Alphen, Ernst and Maaike Meijer, eds. De canon onder vuur. Nederlandse literatuur tegendraads gelezen. Amsterdam: Van Gennep, 1991.

Van Deinsen, Lieke, Anthe Sevenants et Freek Van de Velde. De Nederlandstalige literaire canon(s) anno 2022. Een enquête naar de literaire klassiekenRapportage. Gent: Koninklijke Academie voor Nederlandse Taal en Letteren, 2022.  https://ctb.kantl.be/assets/files/pages/files/De_Nederlandstalige_literaire_canon(s)_anno_2022_-_Een_enquête_naar_de_literaire_klassieken_Rapport_(voorpublicatie).pdf. Consulté le 20 septembre 2024.

Von Heydebrand, Renate, ed. Kanon Macht Kultur. Theoretische, historische und soziale Aspekte ästhetischer Kanonbildungen. DFG-Symposion 1996. Heidelberg: Metzler, 1998.

Vrouwen en de canon. Nederlandse Letterkunde 2.3 (1997).  https://www.dbnl.org/tekst/_ned021199701_01/_ned021199701_01_0020.php. Consulté le 20 septembre 2024.

Weinmann, Frédéric et Ralf Zschachlitz, eds. Canon et traduction dans l’espace franco-allemandCahiers d’Études Germaniques 59 (2011).

Calendrier de soumission :

  • Merci d’adresser d’ici au 16 décembre 2024 une proposition de communication en 400 mots maximum en français ou en anglais (Times New Roman 12 ; espace simple ; entièrement justifiée) ainsi qu’un titre provisoire, le nom complet de l’auteur.e, son affiliation institutionnelle et une courte notice bio-bibliographique à l’adresse canon_factory@sorbonne-universite.fr
  • Confirmation des propositions retenues après avis du comité scientifique : 24 janvier 2025.
  • Par ailleurs, les communiquant.e.s seront invité.e.s à soumettre leurs textes en anglais (qu’ils aient ou non été présentés dans cette langue au colloque) en vue d’une évaluation en double aveugle et publication. La date limite pour l’envoi des articles est fixée au 1er septembre 2025.

Conférencier.e.s invité.e.s :

  • Pr. Ulrike Draesner, Universität Leipzig ;
  • Pr. Michelle Keown, University of Edinburgh ;
  • Pr. Thomas Mohnike, Université de Strasbourg.

Artiste invitée :

Parisa Akbarzadehpoladi (arts visuels ; NL).

Comité d’organisation :

  • Dr Kim Andringa (études néerlandophones ; REIGENN) ;
  • Dr Sylvie Arlaud (études germaniques ; REIGENN) ;
  • Dr Alessandra Ballotti (études nordiques ; REIGENN) ;
  • Pr Bernard Banoun (études germaniques ; REIGENN) ;
  • Dr Jaine Chemmachery (études anglophones ; VALE) ;
  • Dr Éric Chevrel (études germaniques ; REIGENN) ;
  • Dr Guillaume Fourcade (études anglophones ; VALE) ;
  • Arina Giliazova (chargée de médiation scientifique) ;
  • Dr Jean-François Laplénie (études germaniques ; REIGENN) ;
  • Dr Benjamine Toussaint (études anglophones ; VALE).

Comité scientifique :

  • Pr Jacqueline Bel (études néerlandophones ; Vrije Universiteit, Amsterdam) ;
  • Dr Cédric Courtois (études anglophones ; CECILLE, Lille) ;
  • Dr Bastien Goursaud (études anglophones ; CERCLL, Amiens) ;
  • Dr HDR Christine Meyer (études germaniques ; CERCLL, Amiens) ;
  • Pr Dan Ringgaard (études nordiques, Aarhus).
Kierkegaard and French Laïcité

Kierkegaard and French Laïcité

October, 9th 2024—October, 10th 2024

“The French would never understand him,” predicted Mrs. Regine Schlegel, Kierkegaard’s former fiancée, in an interview she gave a few years before her death. It is not clear why Mrs. Schlegel thought that the French would never understand Kierkegaard’s thought as she did not explain herself any further, but if she were right, a conference on Kierkegaard and French laïcité would be of little interest. She seems to have been mistaken though, as the French reception of his thought has been prolific, spurring a broad and intense debate about existence, individuals’ freedom of choice and religious phenomena. However, despite its diversity and richness, the reception of Kierkegaard has rarely discussed the relation between his work and the specific concept of French laïcité.

What is French laïcité? It is usually said that there are two conceptions of laïcité. The first one is traditional and has its roots in the 1905 law on the Separation of the Churches and the State. This law aimed to prevent any state persecution of religious minorities, as it had been the case during the Wars of Religion. It also hoped to constrain the political power of the Catholic Church. The second conception of laïcité is considered more offensive and appeared around twenty years ago. It requires religious neutrality from citizens working for the State and from pupils in public schools. In 2004, a law passed to ban conspicuous religious symbols in public schools. In fact, by having an education system that does not support any particular religious view, the State aims to fight proselytism, communitarian withdrawals and sectarianism. In that case, l’école de la République aspires to show pupils that religion is not determined by birth, but is something that individuals can freely choose or reject.

The common aim of both conceptions is to allow religious plurality and provide religious freedom as well as prevent misconduct from religious communities. In other words, French laïcité is supposed to be an answer to the historical process of secularization that, despite predictions, did not end up with the disappearance of beliefs in the West but with more varied beliefs that cohabit. Laïcité hopes to create a space of vivre-ensemble.

Nevertheless, French laïcité also has its detractors. It has, for example, been criticized for being an attempt to suppress religious phenomena, thus trying to create an atheistic State where religions would not be allowed any political voice. In that case, the goal would be to erase them from the public sphere, which would, by extent, mean that laïcité failed to provide religious freedom.

It is obvious that Kierkegaard does not address the concept of laïcité directly as the word itself is not present in his writings. One can nevertheless find ample resources to address and discuss the question that laïcité represents and the issues of religious life, religious pluralism, and freedom. Kierkegaard’s understanding of existence as interiority and choice, his late “Attack Upon Christendom,” his concept of the crowd and his desire to describe various ways of life, could all be relevant to the debate. Kierkegaard is a religious author who sees faith as an existential need, but at the same time he offers a harsh critique of institutionalized religion and of the Church.

This conference does not aim to talk about Kierkegaard’s own religious context, but hopes to give Kierkegaardian accounts—thus using Kierkegaardian concepts and theses—to discuss the contemporary issues that come with religious plurality and religious freedom in the private and public spheres.

Is French laïcité compatible with a Kierkegaardian conception of religiosity? Does laïcité provide a space for religious freedom and the expression of faith? Is the disappearance of a State Church synonymous to the end of its religion in a country? In a Kierkegaardian perspective, what

place should religions have in the public and political spheres and to what extent should the State be allowed to determine how individuals and communities express their religious beliefs?

*

This Conference is organized by the French Institute of Denmark in Cassandre Caballero (CURAPP-ESS, University of Picardie Jules

collaboration with Verne and Søren

Kierkegaard Research Centre, University of Copenhagen) and René Rosfort (Søren Kierkegaard Research Centre, University of Copenhagen).

Program

October, 9th 2024

10:00-10:15. Words of Welcome.

Morning session (Chairperson: Aaron J. Goldman)

10:15-11:15. Sacha Sydoryk: “Everything You Always Wanted to Know About French Laïcité (But Were Afraid to Ask).”

11:15-11:30. Coffee Break

11:30-12:30. René Rosfort: “Becoming Human Through Faith: Kierkegaard’s Secularization of Religion.”

12:30-13:30. Lunch

Afternoon session (Chairperson: Anna Ravn Mortensen)

13:30-14:30. Cassandre Caballero: “‘Why are the French so Afraid of Kierkegaardian Answer to a Question I once got.”

the Religious?’ A

14:30-14:45. Coffee Break

14:45-15:45. Armande Delage: “Kierkegaard, Education and Faith: Talking about Religion in classrooms within the Confines of Laïcité.”

October, 10th 2024

Morning session (Chairperson: Michael Au-Mullaney)

10:00-11:00. Mélissa Fox-Muraton: “Spaces of Everyday Existence: Kierkegaard, Laïcité and Public Policy.”

11:15-11:30. Coffee Break

11:30-12:30. Bjarke Mørkøre Stigel Hansen: “Radical Secularity: Reconsidering the Question of Faith in Derrida and Kierkegaard.”

12:30-13:30. Lunch

Afternoon session (Chairperson: Rebecca Cecilie Hoffman)

13:30-14:30.    Oliver Norman: “Drag Queens, Icons, and Idols:  Blasphemy  in  a Kierkegaardian Context?”

14:30-14:45. Coffee Break

14:45-15:45. Malwina A. Tkacz: “Exploring Laïcité Through Kierkegaard’s Lens: Law, Ethics, and Secularization.”

15:45-16:00. Concluding Words.

*

Location: Institut Français du Danemark, Rolighedsvej 37, 1958 Frederiksberg C and online.

If you wish to attend in person, please register here : https://billetto.dk/fr/e/kierkegaard-and- french-laicite-billetter- 1082542?utm_campaign=copy_link&utm_content=2&utm_medium=share&utm_source=org aniser

If you wish to attend online, please contact Mélissa Rahmouni (mr@institutfrancais.dk) or Axel Raphalen (ar@institutfrancais.dk) in order to receive the link.

Icelandic regional pronunciation: Recent developments and attitudes

Icelandic regional pronunciation: Recent developments and attitudes

Ásgrímur Angantýsson (University of Iceland)

Le 3 octobre 2024 – 14h – Laboratoire CRISCO – Université de Caen Normandie, campus 1 (bât. N3)

The goal of this talk is to shed light on how individuals change their pronunciation through the lifespan and the extent to which conscious and subconscious language attitudes play a role in explaining such real-time linguistic changes, using the uniquely documented development of local phonological variation in Iceland as a test case. Selected results from the first data collection phase of the research project Regional pronunciation, attitudes and real-time change (https://pronunciation.hi.is/) will be presented.

Voir la suite du résumé à ce lien.

Conférence en anglais.

Contact : rea.peltola@unicaen.fr

Les rencontres du Sápmi 

Les rencontres du Sápmi 

19 février 2023 · 9h00 – 12h00

Lieu : Salle de conférences, Misha (Université de Strasbourg)

Pensées comme un espace de dialogue semestriel autour des questions de recherches en études sámi, les Rencontres du Sápmi offrent la possibilité aux chercheur·euse·s de présenter leurs travaux à destination d’un public élargi de spécialistes et de non-spécialistes.

Le projet est soutenu par l’ERLIS (UR 4254 – Université de Caen Normandie) et MGNE (UR 1341 – Université de Strasbourg) et organisé par Alexandre Chollet (ERLIS) et Alexandre Zeitler (MGNE).

La session de printemps aura lieu le lundi 19 février 2023 de 9h00 à 12h00 à l’Université de Strasbourg, en salle des conférences (MISHA, Campus Esplanade) ainsi qu’en hybride sur Zoom à l’adresse suivante : 

Ecutez à distance par Zoom!

Plus d’information : https://nord.unistra.fr/agenda/evenement/les-rencontres-du-sapmi-printemps-2024

Programme : 

9h00 Introduction

9h15-10h00 “Try-talk” as a tool for inclusive and respectful teaching and learning in Sami studies

Anna-Lille Drugge (Umeå University)

Notice biobibliographique: https://www.umu.se/personal/anna-lill-drugge/?flik=presentation 

10h00-10h45 Supradisciplinary research, decolonizing academia and the Sámi Land Free University

May-Britt Öhman (Uppsala University)

Notice biobibliographique : https://www.katalog.uu.se/profile/?id=n8-902 / https://www.maybrittohman.com 

Pour en savoir plus sur la Sámi Land Free University : https://www.samelandsfriauniversitet.com 

11h00-11h45 The Swedish Missionary Society and Sami Schooling, c. 1835–1920

Björn Norlin (Umeå University)

Notice biobibliographique: https://www.umu.se/en/staff/bjorn-norlin/ 

Actualité de la recherche doctorale sur Kierkegaard

Actualité de la recherche doctorale sur Kierkegaard

Samedi 13 janvier 2024

Affiche Actualité de la recherche doctorale sur Kierkegaard

Sorbonne Université

Amphithéâtre Quinet, 46 rue Saint Jacques

Cette journée d’études doctorales a pour objet de rassembler les doctorants et doctorantes français qui travaillent actuellement sur la pensée de Søren Kierkegaard, et qui présenteront leurs recherches en cours.
Les enjeux de la pensée kierkegaardienne sont d’ordre existentiel. Ils posent la question du rapport de l’individu aux différentes sphères de la vie, et s’intéressent à la manière dont ce dernier peut participer à celles-ci sans être conduit au désespoir, c’est-à-dire à l’échec du devenir-soi, maladie de l’esprit prouvant à l’individu qu’il ne se rapporte pas à lui-même de façon authentique. Cette question est, plus précisément, une question éthico-existentielle, car être à l’abri du désespoir, en guérir, est une tâche éthique, une lutte du quotidien, une décision pour soi et pour les autres ; mais c’est aussi une question religieuse, en ce qu’elle conduit à la transformation de soi dans la foi et dans le devenir chrétien. Toutefois, le « comment » de cet engagement, qui fait écho au « comment » de la structure de l’œuvre kierkegaardienne, ne va pas de soi.
Les travaux doctoraux que nous présenterons explorent certaines tonalités affectives existentielles de cet engagement, qui caractérisent le mouvement dialectique du devenir du sujet : ainsi de l’inquiétude, du silence, ou bien du risque, qui manifestent la fragilité, la souffrance mais aussi l’intelligence de l’individu sur ce chemin en première personne. Nos travaux souhaitent souligner que la constitution du sujet ne s’opère cependant pas dans l’abstraction de la solitude, mais dans la plénitude d’un monde où le sujet s’engage dans des rapports interindividuels et institutionnels, et où il se confronte sans cesse à l’altérité – celle d’autrui et celle de Dieu. Il sera précisément question de la manière dont l’individu s’extériorise dans l’amour et s’exprime dans le langage, et travaille ainsi avec ou sans succès au dévoilement de sa secrète intériorité.

Programme: 

9h30 : Accueil et introduction

Session 1 : Présidence : Pierre-Alban Gutkin-Guinfolleau (Institut Catholique de Paris)
10h-11h : Oliver Norman (Université de Poitiers) : De la pseudonymie à la cardiognosie : la littérature du secret chez Kierkegaard, Derrida et Chrétien.
11h-12h : Cassandre Caballero (Université de Picardie Jules Verne et Université de Copenhague) : Adorno kierkegaardien ou le meurtre du père.

Session 2 : Présidence : Emeline Durand (Université de Bourgogne)
13h30-14h30 : Jeanne Delamarre (Sorbonne Université) : D’une inquiétude l’autre. De l’inquiétude esthétique à l’inquiétude religieuse.
14h30-15h30 : Jérôme Bord (Université de Strasbourg) : « Le monde ne hait vraiment pas le mal » : Kierkegaard et la critique de la sagacité.
15h30-16h30 : Armande Delage (Sorbonne Université) : Se faire l’interprète des choses divines. Une herméneutique kierkegaardienne.

Cet événement est organisé avec le soutien de Sorbonne Université (EA 3552, Ecole doctorale 433, UFR de Philosophie), de l’Université de Picardie Jules Verne (Curapp-ESS) et de l’Université de Copenhague (Centre de recherches Søren Kierkegaard), en partenariat avec l’Institut français du Danemark.

Responsables de l’événement:

Armande Delage : armande.delage@sorbonne-universite.fr

Cassandre Caballero : ccb@teol.ku.dk

Inscription obligatoire : https://www.eventbrite.fr/e/billets-actualite-de-la-recherche-doctorale-sur-kierkegaard-770713443657?aff=oddtdtcreator

Séminaire Vice & Vertu 2023-2024 : Boire dans les pays nordiques et germaniques

Séminaire Vice & Vertu 2023-2024 : Boire dans les pays nordiques et germaniques

Programme de la séance du 24 novembre 2023 

Le séminaire Vice & Vertu est organisé un vendredi par mois à la Bibliothèque Nordique (6 rue Valette, Paris) de 10h à 12h.

La première séance aura lieu le 24 novembre 2023 avec :

  • Aymeric Pantet (Turku/ TIAS) : « Pas d’éthique dans la Baltique ! Le trafic d’alcool dans le cinéma nordique (1930-1950) »
  • Malin Isaksson (Umeå Universitet) : « Mat och dryck i Sápmi – teman i svensk samtidslitteratur »

Bienvenue og velkommen !

Dates des séances suivantes :

  • 26 janvier 2024
  • 23 février 2024
  • 14-15 mars 2024 (séminaire délocalisé à Oslo)
  • 26 avril 2024
  • 17 mai 2024

Contact & inscription :

research.viceandvirtue@gmail.com

Le projet V&V est organisé par l’Université d’Oslo, l’Université d’Umeå, l’Université de Turku / TIAS, l’Université de Caen et Sorbonne Université.

Quoi de neuf dans la Scandinavie médiévale ?

Quoi de neuf dans la Scandinavie médiévale ?

Figures historiques et mythiques nordiques dans les cultures contemporaines

Journée d’étude, 24 novembre 2023, Bibliothèque Alexis de Tocqueville, Auditorium, Caen

Équipe ERLIS, Université de Caen Normandie
« Figures emblématiques, mythiques et légendaires dans
les cultures contemporaines : récits du passé et réinterprétations »
https://www.unicaen.fr/recherche/mrsh/erlis/thema1pr2

Organisée en partenariat avec le festival Les Boréales
et la Bibliothèque Alexis de Tocqueville

Responsables : Annelie Jarl Ireman et Simon Lebouteiller

Site de la manifestation : https://erlis.unicaen.fr/evenement/quoi-de-neuf-dans-la-scandinavie-medievale/

De la figure mythifiée du viking aux divinités du panthéon nordique, en passant par les fameuses sagas islandaises, la Scandinavie médiévale nous a légué un patrimoine historique et culturel remarquable qui reste aujourd’hui une source d’inspiration inépuisable et l’objet de réinterprétations constantes. Cette journée d’étude se propose d’explorer les divers usages de cette matière du Nord médiéval à notre époque, aussi bien en envisageant sa place dans la production culturelle que son évocation dans les réflexions patrimoniales et sociétales actuelles.

Programme

10h15 : Ouverture de la journée d’étude avec Nadine Guéroult (Conservatrice responsable des collections à la bibliothèque Alexis de Tocqueville), Éric Leroy du Cardonnoy (Vice-Président de l’université de Caen Normandie), Harri Veivo (Directeur d’ERLIS) et Jérôme Rémy (Directeur artistique des Boréales)

Session 1 – Des personnages historiques aux figures mythifiées : interpréter l’histoire de la Scandinavie médiévale

10h30 : Lucie Malbos (Université de Poitiers, CESCM), « Harald, Ragnar et les autres : des popularités contrastées »
11h10 : Sarah Vincent (Université de Caen Normandie, CRAHAM), « La Skjaldmær et la Valkyrja face au Male Gaze : étude de l’archétype féminin dans l’histoire médiévale scandinave et ses représentations »
11h50 : Torfi Tulinius (Université d’Islande), « Les sagas : un espace touristique ? »

12h30 : pause déjeuner
Session 2 – Divinités, mythes et légendes : la réactualisation des anciennes croyances nordiques dans les cultures contemporaines

14h15 : Annelie Jarl Ireman (Université de Caen Normandie, ERLIS), « Magnus Chase face aux dieux nordiques réinterprétés : analyse des procédés littéraires chez Rick Riordan »
14h55 : Camille-Apollonia Narducci (Université d’Aix-Marseille/Université autonome de Madrid, CIELAM), « Mythologie nordique, made in Japan ! »

15h50 : Maria Hansson (Université Bordeaux Montaigne, REIGENN), « Bergtagen, réactualisation dans la littérature de jeunesse de la légende scandinave médiévale »
16h30 : Lise Philippe (Université de Caen Normandie, ERLIS), « Le Moyen Âge scandinave et la scène néofolk européenne : le médiévalisme au service de constructions spirituelles et identitaires contemporaines »

17h10-17h50 : Pause café
Actualité d’Ornavik

17h50 : Christian Sébire, « Un nouveau centre d’interprétation viking en Normandie »

Table ronde

18h30 : Jean Renaud, Professeur en études scandinaves, Université de Caen Normandie
Torfi Tulinius, Professeur en études islandaises médiévales, Université d’Islande
Simon Lebouteiller, Maître de conférences en études nordiques, Université de Caen Normandie
traducteurs et spécialistes de l’époque viking et des sagas
« Traduire les sagas islandaises aujourd’hui »
animée par Alban Gautier (Université de Caen Normandie, CRAHAM)

En partenariat avec la librairie Publica, les intervenants proposeront une séance de dédicace de leurs ouvrages après la table ronde.

Université de Caen – MRSH Normandie Caen – ERLIS – Sciences Po : Séminaire « Poétiques sociales des pays nordiques, de l’âge viking à nos jours »

Université de Caen – MRSH Normandie Caen – ERLIS – Sciences Po : Séminaire « Poétiques sociales des pays nordiques, de l’âge viking à nos jours »

PROGRAMME 2023-2024

21 SEPTEMBRE 2023

17h30, Salle des Actes sh 027, MRSH, Campus 1, Université de Caen Normandie

Caroline Olsson (Université de Lyon)

L’époque viking, regards féminins et féministes littéraires.

Lise Philippe (ERLIS, Université de Caen)

Du Ragnarök à la crise environnementale : les récits eschatologiques dans la musique metal nordique.

19 OCTOBRE 2023

17h30, Amphithéâtre sh 085, MRSH, Campus 1, Université de Caen Normandie

Frédérique Harry (REIGENN, Sorbonne Université)

Le prophétique et le polémique : les multiples héritages du piétisme.

23 NOVEMBRE 2023

17h30, Campus des Transitions, 10 rue Pasteur, 14000 Caen

Nicolas Escach (Campus des Transitions, Sciences Po Rennes) et Alexis Alamel (Campus des Transitions, Sciences Po Rennes)

Représenter l’Arctique (à partir de l’ouvrage Arctique, sous la dir. de N. Escach et B. Goffin, coll. « Odyssée, villes portraits », ENS éditions).

30 NOVEMBRE 2023

17h30, Amphi de Boüard, bâtiment B, Campus 1, Université de Caen Normandie

Andrea Kollnitz (Université de Stockholm)

The Dangers of the Unreal – Perspectives on Modern Art in Interwar Sweden.

18 JANVIER 2024

17h30, Campus des Transitions, 10 rue Pasteur, 14000 Caen

Alain Gras (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)

Culte de la nature et écologies nordiques.

25 JANVIER 2024

17h30, Li160, Maison des langues et de l’international, Campus 1, Université de Caen Normandie

Tim van Gerven (Université Arctique de Norvège, Tromsø)

Pan-Scandinavianism and the Creation of a National Scandinavian Identity in the Nineteenth Century.

15 FÉVRIER 2024

17h30, Salle des Actes sh 027, MRSH, Campus 1, Université de Caen Normandie

Corinne François-Denève (Université de Haute-Alsace)

Traduire les pamphlets de Frida Stéenhoff : une poétique de l’État-Providence.

21 MARS 2024

17h30, Salle des Actes sh 027, MRSH, Campus 1, Université de Caen Normandie

Sanna Nyqvist (Université de Helsinki)

Island narratives in Finnish and Swedish prose fiction 1870–1939. Encounters in the borderlands of modernity.

Rappel : appel à contributions pour « Boire dans les pays nordiques et germaniques »

Rappel : appel à contributions pour « Boire dans les pays nordiques et germaniques »

12-14 juin 2024, Sorbonne Université, Paris

Date limite de soumission des propositions : 1er octobre 2023

« Vice et Vertu » (V&V) est un programme de recherche international pluriannuel issu d’une coopération entre les Universités de la Sorbonne, Caen, Turku/ TIAS, Umeå et Oslo. Le projet V&V vise aussi l’intégration de jeunes chercheurs et de chercheurs en devenir dans les réseaux de recherche nord-européens et francophones par le biais de séminaires, de workshops et de colloques organisés dans les universités partenaires de France et d’Europe du Nord.

« Vice » et « Vertu » sont des termes encore fréquemment utilisés dans des secteurs comme la finance, l’écologie ou les médias, bien qu’ils soient aujourd’hui largement désarticulés de leur ancrage religieux. Pour autant, dans des cultures où, selon la maxime luthérienne, l’humanité a été considérée comme simul justus, simul peccator, mais semper penitens, l’impératif de la vertu et l’ardente tentation du vice ont laissé de profondes traces et des interrogations existentielles particulières, tant à l’échelle individuelle que collective.
Le projet résulte ainsi d’une interrogation simple et se fonde sur une réflexion de nature épistémologique et anthropologique : comment les catégories du vice et de la vertu ont-elles été constituées et racontées dans les sociétés du Nord de l’Europe et comment ont-elles évolué à travers les époques, du Moyen Âge aux sociétés du “secular Age” (Taylor, 2007) ?
Pour jeter un éclairage sur cette vaste interrogation, plusieurs thèmes seront successivement explorés. Le premier volet, prévu pour l’année 2023-2025, a « Boire » pour thématique et donnera lieu à un colloque organisé à Paris du 12 au 14 juin 2024.

Le premier volet du projet V&V, « Boire », questionne l’acte social (ou antisocial) de la consommation de tout type de boissons – alcoolisées ou non -, individuellement ou collectivement. Il vise à interroger les pratiques anciennes et actuelles et d’en explorer les
enjeux normatifs. L’appel à contribution comprend quatre axes mais nous restons ouverts à d’autres apports et thématiques en fonction des propositions qui nous arriveront.

Le premier axe, « Boire et pouvoir », s’intéresse aux liens entre la boisson et l’exercice du pouvoir. Des libations rituelles visant à renforcer les sociabilités guerrières et élitaires dans les grandes halles médiévales (Enright, 1996; Andersen & Pajung, 2014) à la edruelighet (sobriété) affichée et mise en scène des personnalités publiques nordiques aujourd’hui, il s’agit d’étudier l’articulation entre boire et contrat social, statut public, relations de pouvoir et résolutions des conflits. Nous nous intéresserons ainsi aux initiatives politiques venant encadrer la consommation d’alcool, du Moyen Âge à nos jours, que ce soit pour assurer l’ordre et la santé publique, pour réguler les échanges commerciaux, ou dans une démarche morale et spirituelle, les différences persistantes contredisant d’ailleurs l’idée d’un schéma commun à l’échelle de l’Europe du Nord (Moskalewicz et al., 2016).
Nous nous intéresserons également aux mouvements populaires et à la tempérance, qui occupe ici une place importante tant elle questionne les relations de pouvoir et exprime des conflictualités profondes, relatives aux problématiques de classes – en témoigne la forte implication des mouvements ouvriers (Fuglum, 1999) -, de genre – l’engagement des femmes ayant été crucial pour l’adoption de la prohibition (Kaartinen, 2011) -, ou de religion (Harry, 2021). Encore aujourd’hui, la boisson demeure un terrain l’expression des enjeux de domination et de pouvoir, que ce soit en politique, dans la constitution des normativités de genre
(Eriksen, 1999, 2023) ou dans les relations entre les États et les populations. À cet effet, il convient d’accorder une attention particulière au rôle de la boisson dans les relations coloniales et postcoloniales entre pouvoirs et populations autochtones et d’en étudier l’écho dans les récits contemporains, qu’ils soient scientifiques (Sørensen, 1999), identitaires (Olsen, 2009) – par
exemple dans le christianisme læstadien -, ou médiatiques.
En quoi la boisson est-elle représentative d’enjeux de pouvoir ? Que se joue-t-il dans l’acte de boire et comment organise-t-il les relations, les groupes et les espaces ? Qui établit les normativités et par quels biais les discours et les idéologies sont-ils construits et communiqués ?
Comment se sont constituées les politiques du « boire » et quelles traces en discerne-t-on aujourd’hui ? Dit autrement, que signifie « boire » dans les sociétés nordiques selon les époques et comment cela s’articule-t-il aux conceptions du pouvoir et du contrat social ? Ces questions sont des pistes et toute proposition relative à la question du boire et du pouvoir, du Moyen Âge à nos jours, sera considérée.

Le deuxième axe, « Voir flou », aborde les représentations artistiques des boissons et de leurs consommateurs. La mise en scène du rapport entre boisson (alcoolisée ou non) et consommateur traverse les médias et les époques. À l’époque viking, les emblématiques cornes à boire pouvaient par exemple être des instruments d’ostentation de la richesse et de la puissance, mais le déclin apparent de leur usage au XIIe siècle, avec l’implantation du christianisme, semble marquer un changement de regard sur ces objets certainement associés au paganisme et à la luxure par l’Église (Etting, 2013). Dans la littérature contemporaine, le personnage buvant est associé à un jugement moral mais aussi à la subversion des normes, de l’esthétique et du canon, par exemple, David Holm (Körkarlen, Selma Lagerlöf, 1912 ; Victor Sjöström, 1921) ou Alfred Jönsson (Vieras mies tuli taloon, Mika Waltari, 1937; Wilho Ilmari, 1938). De même, l’alcool reste présent en filigrane aussi bien dans les peintures modernes – on pense ici à Symposium (Akseli Gallen-Kallela, 1894) –, que dans un imaginaire culturel propre à cette aire et dans les productions audiovisuelles nordiques actuelles : cet aspect est particulièrement remarquable dans la série norvégienne Exit (Petter Testmann-Koch, 2019), qui
suit quatre requins de la finance ayant un penchant très prononcé pour l’alcool, la drogue, le sexe, etc.. Enfin, la centralité de l’alcool dans Drunk (Thomas Vinterberg, Druk, 2020), Julie en douze chapitres (Joachim Trier, Verdens verste menneske, 2021) ou dans de nombreuses séries pour un public jeune, mais aussi l’omniprésence d’une tasse de café dans quasiment toutes les séries Nordic noir témoignent d’un fait culturel omniprésent qui ne peut être ignoré dès lors que l’on s’intéresse au rôle des arts et de la littérature au sein de sociétés et de cultures.
De plus, il importe aussi de considérer les productions artistiques attenantes à un moment social, où boire est central. Nous pensons entre autres aux répertoires de chants interprétés dans ce contexte, mais aussi, en plus de l’exemple notoire d’In vino veritas de Kierkegaard, à la tradition du discours – avec ses codes stylistiques – lors d’une cérémonie ou d’un dîner.
La représentation artistique et littéraire de la boisson et, plus globalement, l’imaginaire entourant l’acte de boire invite à explorer les espaces nordiques et germaniques dans leur relation à ce dénominateur commun. Cet axe s’intéresse aussi bien à la représentation de la boisson qu’à la production artistique sous les effets de l’alcool, du café ou autres. Il s’agira de mettre en valeur des circulations de représentations, des partages d’imaginaires, ainsi que des inquiétudes socioculturelles communes. Ainsi, quelles sont les représentations artistiques et médiatiques du “boire” ? Comment ces images et ces codes esthétiques circulent-ils et fondent un imaginaire commun ? Que révèlent-ils des interrogations socioculturelles ? Comment participent-ils à la (dé)construction des normes et des idéologies?

Le troisième axe, «La langue au service du boire», est de nature anthropologique et linguistique. Emprunté à la sociologie, devenu une notion centrale des politiques et aménagements linguistiques, le « purisme » est défini comme une idéologie selon laquelle une langue serait pure, car elle aurait préservé son authenticité en réduisant les emprunts lexicaux, morphologiques, syntaxiques et phonétiques (Vikør, 2010). Il est intéressant d’observer que la paire notionnelle « vice » et « vertu » se retrouve sémantiquement en linguistique à travers ce courant qui fait implicitement de la pureté, une vertu de la langue. L’association de valeurs morales et esthétiques à des unités linguistiques qui décrivent l’acte de boire sera donc particulièrement stimulante à analyser.
Une des orientations de cet axe sera d’explorer le lien sémantique et culturel entre pratiques langagières et pratiques sociales liées aux breuvages et boissons, mais aussi l’association de l’acte de boire et de festoyer dans sa dimension collective et individuelle. L’idiomaticité des expressions dans les langues nordiques lorsqu’elles se rapportent à des habitudes quotidiennes élémentaires telles que boire et aux effets physiques et psychiques engendrés (å være beruset /i bakrus, bakfull/ fyllesjuk – klein (dialecte), alkis, dritings (argot) ; sjaber-sjo (argot) ; «full som en alke» litt. «saoul comme un pingouin torda», veisalgia (médecine)) permettent de refléter des habitus sociologiquement ancrés et partagés par une communauté nationale et sociale.
Qualifier ces états physiques et psychologiques (Wiese et al., 2000) représente une perspective d’analyse riche en linguistique car elle met en exergue la fonctionnalité de la langue au service du boire (Hylland, 2021), et la multiplicité des registres textuels (langue médicale, argotique, etc.). Ces registres sémiotiques peuvent ainsi être endogènes avec la création d’un jargon par les consommateurs (Weihe, 2000), et exogènes qui donnent lieu à une récupération médiatique stéréotypante (cf. l’exemple du kebabnorsk, dont la labellisation est issue du lexique alimentaire). L’approche synchronique pourra ainsi éclairer l’utilisation de la langue afin de décrire des actions et des activités liées au «boire», tout en explicitant leur portée sociale (à la fois incluante et excluante). L’approche diachronique dressera une chronologie linguistique à la fois étymologique, anthropologique et culturelle des pratiques.

Une seconde orientation portera sur la dimension normative des discours, leur mise en circulation et leur importance dans la construction des sociétés modernes et contemporaines nordiques. Il s’agira ainsi d’analyser la portée discursive et idéologique de ces registres sémiotiques (Agha, 2007), souvent générés par des groupes dominants pour instaurer des pratiques vertueuses grâce à une langue méliorative, et réprimer des pratiques vicieuses par un champ indexical délictueux, le tout repris et négocié par les groupes minorés. Rejoignant la théorie du “Total Linguistic Fact” (Silverstein, 1979, 2003), le « boire » se comprend à la fois par ses unités linguistiques, l’usage sociolinguistique qu’en font les locuteurs, et l’idéologie générée par cet ensemble. La diversité des supports textuels sera, à cet égard, fortement appréciée afin d’éclairer les mises en mot des pratiques tantôt “healthy” tantôt «dangereuses» selon la description médicale, littéraire, médiatique, publicitaire que l’on en fait.

Le quatrième axe, «Les sens du liquide», s’intéresse aux boissons en tant que telles. Il aura pour objectif de croiser les approches diachroniques et synchroniques pour éclairer les typologies de la boisson. De l’hydromel magique à l’origine de la poésie selon la mythologie nordique aux décoctions à visée thérapeutique, des boissons enivrantes aux plus «saines», il s’agit de comprendre, sur une large période, comment ces typologies se sont constituées et dans quels contextes. Que disent, par exemple, les sources médiévales de la boisson et de ses différentes catégories ? Quelles sources les mentionnent ? Comment des breuvages tels le café ou le chocolat sont-ils perçus de l’époque moderne à nos jours, quelles descriptions en fait-on et quelles pratiques y associe-t-on ? On peut penser ici, par exemple, au chocolat chaud, devenu la boisson par excellence du randonneur norvégien. Cet axe s’intéresse par conséquent aux définitions des types de boissons et aux catégories de sens qui leur sont associées (revigorante/affaiblissante, saine/ malsaine, excitante/apaisante, etc.). On apportera une attention particulière aux mentions et aux représentations de la boisson, alcoolisée ou non, du Moyen Âge à nos jours (par exemple, dans les sagas, la poésie, les articles de journaux, sur les affiches des mouvements de tempérance, les publicités, etc.).

Dans cet axe, nous nous intéresserons aussi aux perceptions que l’on a des effets induits par différents breuvages. Il s’agira d’analyser plus finement les changements de statut en fonction des lieux et des moments pour comprendre les cadres implicites qui président à la consommation de certaines boissons. Nous pourrons ainsi examiner les moments et les espaces qui autorisent la consommation poussée d’alcool et donc l’ivresse, comme les banquets, les rituels de corporations, les célébrations ou autres julebord (buffets de Noël), ou ceux qui ne l’autorisent pas et la réprouvent. Notre attention se portera ainsi sur les codes implicites qui régissent ces moments et sur le rôle parfois rituel et normatif de l’ivresse (russetiden, la saint-Jean, kräftskiva, fêtes ou samedis soirs) quand le vice peut devenir, pour un moment, la vertu d’un soir. En miroir, se posera donc aussi la question de ceux qui n’obéissent pas à l’injonction au «boire» dans les contextes qui l’autorisent – voire l’attendent – et les «effets» que cela entraîne en termes d’inclusion ou d’exclusion au groupe ou à la communauté. Comment les contextes changent-ils la nature du breuvage ? Comment les effets du «boire» sont-ils perçus et décrits et quelles en sont les conséquences ?

Merci d’envoyer une proposition de 300 mots maximum, comprenant un titre et un bref descriptif du sujet et de la problématique à research.viceandvirtue@gmail avant le 1er octobre 2023.

Date limite : 1er octobre 2023.
Les réponses seront communiquées à la fin du mois de novembre 2023.
Contact : research.viceandvirtue@gmail.com.

Comité d’organisation du projet Vice et Vertu : Arne Bugge Amundsen (Universitet i Oslo),
Syrielle Deplanque (Sorbonne Université/ UQAM), Sarah Harchaoui (Sorbonne Université),
Frédérique Harry (Sorbonne Université), Malin Isaksson (Umeå Universitet), Simon
Lebouteiller (Université de Caen), Aymeric Pantet (TIAS, Turun Yliopisto).

Thème : Overlay par Kaira.