AàC / CFP : Les écrivaines voyageuses en Europe du Nord durant le long dix-neuvième siècle

(English version below)

Illustration par Montader de Sigrid, moeurs suédoises de Mme Louise Hameau et Mme Fernande de Lysle (Paris, 1889, disponible sur Gallica)
Illustration par Montader de Sigrid, moeurs suédoises de Mme Louise Hameau et Mme Fernande de Lysle (Paris, 1889, disponible sur Gallica)

Organisé à Université de Haute-Alsace, Mulhouse, France, les 27-28 février 2025

Deadline / Date de tombée : 10 septembre 2024

Nous choisissons de désigner par “Europe du Nord” l’ensemble des régions bordées par la mer du Nord et la mer Baltique, du Royaume-Uni au nord-ouest de la Russie, auxquelles on ajoutera l’Islande.

Le colloque aura pour objet d’étudier les voyages d’écrivaines (dans le sens large de personnes ayant produit des écrits) dans cette partie du monde au cours du “long dix-neuvième siècle”, selon l’expression d’Eric Hobsbawm. La période serait symboliquement bornée par les Lettres écrites lors d’un court séjour en Suède, en Norvège et au Danemark de Mary Wollstonecraft (1796) et la Croisière au cap Nord, voyage en Suède, Norvège, Danemark, à travers le centre de l’Europe de Mme Deblangy (1911). 

Les perspectives adoptées sont délibérément transversales. Les spécialistes de littérature comparée, des littératures nationales européennes, mais aussi d’histoire économique et culturelle, de littérature viatique, d’études de genre, d’histoire de l’art, de rapport entre texte et image, ou encore de sociologie, sont invités à proposer des communications.

Diverses pistes peuvent être envisagées, parmi lesquelles : 

Réalités du voyage

On s’intéressera aux aspects pratiques et logistiques.  Qui sont ces voyageuses, pourquoi et comment ont-elles voyagé, par quels moyens de locomotion ? Sont-elles seules ou accompagnées? Font-elles un “grand tour” au féminin ? Ces mobilités sont-elles volontaires ou forcées ? On se demandera quel impact ces aspects pratiques ont pu avoir sur l’expérience viatique.

On pourra s’intéresser à la relation des voyageuses aux conditions climatiques et aux paysages comme objets d’expérience réelle ou imaginaire. Une perspective écologique, au sens large, montrera les rapports entre l’appréhension des espaces naturels et l’expérience sociale.

Les communications pourront s’intéresser au contexte politique, dans une zone ayant connu au cours du siècle des événements majeurs (reconfigurations multiples de la Scandinavie, domination russe sur les provinces baltes, partage de la Pologne entre puissances impériales, guerres prusso-danoises, etc.).

L’importance du contexte religieux pourra être étudiée, dans des régions à dominante protestante (Islande, Royaume-Uni, Allemagne du nord, Scandinavie, Finlande, Lettonie, Estonie), mais aussi catholique (Lituanie, Pologne, Belgique et nord de la France), voire orthodoxe (Saint-Pétersbourg et la partie de la Russie bordant le golfe de Finlande), avec des zones de friction comme aux Pays-Bas.

Approches culturelles

Les communications pourront s’interroger sur d’éventuelles spécificités de ces voyages par rapport à ceux de voyageuses et voyageurs dans d’autres régions du monde. Quelle vision de l’Europe septentrionale est véhiculée par les écrivaines voyageuses ? Varie-t-elle selon que ces dernières sont originaires de l’une des régions concernées, ou bien d’autres parties de l’Europe et du monde ?

Peut-on identifier des clichés ou stéréotypes d’un exotisme boréal ? A travers leurs textes, des exemples d’influence entre les différents pays ou régions envisagés pourront être étudiés, comme l’intérêt particulier des Britanniques pour la Scandinavie tout au long du siècle, ou les relations instaurées entre le Danemark et la Russie à l’occasion du mariage de la princesse Dagmar et du futur Alexandre III en 1866.

Poétique du voyage

On analysera les centres d’intérêt des voyageuses (géographie, politique, société, arts et littérature…), ainsi que leurs prismes idéologiques ou esthétiques, en prenant en compte la nature de leurs écrits : récits, carnets de voyage, comptes-rendus, journaux intimes, fictions inspirées de voyages réels, articles ou reportages de presse. On examinera en particulier le rapport avec le roman, par exemple dans le cas de Fernande de Lysle. De même, quid du voyage fantasmé, comme dans les poésies de Renée Vivien traduites du norvégien ?

Les communications pourront aussi s’interroger sur d’éventuelles spécificités de ces voyages, et du récit de ceux-ci, par rapport à ceux des hommes.

Enfin, l’étude des images qui accompagnent parfois ces récits sera la bienvenue.

Seront particulièrement appréciées les propositions qui, au moins tangentiellement, abordent les questions suivantes : l’idée d’un monde commun que serait « l’Europe du Nord » transparaît-elle, que ce soit à partir d’un sentiment d’appartenance ou d’extériorité ? Si oui, quels en sont les fondements (géographiques, culturels, religieux…) ? L’environnement naturel est-il mis en rapport avec la société, la morale ou la culture ? Ces idées prennent-elles des formes particulières du fait que les écrits soient ceux de femmes ?

Les communications (en français ou en anglais) pourront porter sur des écrits produits dans n’importe quelle langue durant le long dix-neuvième siècle, dans une perspective qui peut être comparatiste. Toutes les approches critiques sont bienvenues.

Modalités de soumission

Les propositions de communication (en français ou en anglais, 300 mots maximum + brève bio-bibliographie) sont à envoyer pour le 10 septembre 2024 à voyageusesnord@gmail.com

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